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révolution dans la condition des indigènes. Nous en signalerons. avec bonheur, les premiers résultats. Le nombre des écoles arabes françaises était, en 1875, de 23 seulement, contenant 1,069 élèves dont 537 musulmans. Il y a aujourd’hui 55 écoles particulièrement effectuées aux indigènes, et l’on compte, en outre, 28 classes d’indigènes annexées à des écoles ordinaires et confiées à des moniteurs arabes ou kabyles. Sur ces 53 écoles, 19 ont été ouvertes depuis dix-huit mois, c’est-à-dire sous les auspices du décret de 1883. En outre, 49 écoles indigènes, nouvellement créées par les Conseils départementaux, n’ont pu être approuvées par le gouverneur, faute de crédits. Toute la question est là. L’exécution du décret de 1883 et celle du décret complémentaire du 1er février 1885 entraînaient des conséquences budgétaires auxquelles il n’a pu être encore pourvu, parce que les effets de la réglementation nouvelle commencent seulement à se faire sentir. Ce dernier décret assure aux communes de plein exercice la participation de l’État pour la création d’écoles indigènes ; il oblige les communes mixtes à contribuer aux dépenses obligatoires de ces écoles jusqu’à concurrence du sixième du produit de leur octroi de mer. Il faut attendre l’effet de ces mesures, mais il ne sera décisif que Île jour où le budget général se chargera de la majeure partie des dépenses. Or, les Chambres n’ont, jusqu’ici, voté qu’une allocation de 45,000 francs pour tout encouragement à l’instruction des indigènes. On dit que cette allocation doit être portée, pour 1887, à 200,000 francs. Cette libéralité serait suffisante, pour le moment.

À l’appui de ce qui précède, nous ajouterons que les communes de plein exercice, et même les grandes villes, sont celles qui montrent le moins d’empressement à créer des écoles indigènes. Il n’existe aucune école de cette sorte à Blida, Medea, Miliana, Tizi-Ouzou, etc. Alger n’en a qu’une pour trente mille musulmans. Elle date de 1843, et son installation dans une vieille masure n’a jamais été améliorée. Pourtant elle donne de bons résultats ; le directeur, Arabe, ancien élève de Mustapha, prépare pour cette école normale des moniteurs indigènes qu’on envoie dans les tribus avec un traitement annuel de 400 à 900 francs. Les instituteurs français, brevetés, ayant passé l’examen et obtenu la pri-