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REVUE PÉDAGOGIQUE

dans la statistique scolaire dressée à la suite de l’Exposition universelle de 1838. On doit néanmoins faire des réserves et reconnaître que tout n’est pas encore satisfaisant. Trop d’écoles laissent à désirer, surtout dans les grandes villes (nous en avons visité six à Alger), où leur installation remonte à 1830. L’École normale de Mustapha est loin d’être un établissement modèle, et nous le regrettons d’autant plus que cette école relève de l’État. Le personnel des instituteurs ne se recrute qu’en partie dans la colonie et les écoles normales de garçons sont obligées de recevoir sans concours des postulants étrangers. Il y a environ trois mille demandes d’emploi d’instituteurs ou d’’institutrices venant de France ; mais on peut craindre qu’elles n’émanent pas des meilleurs sujets et qu’ainsi l’instituteur ne soit dénué de cet amour du sol, de ce patriotisme local et de cette énergique abnégation qui soutiennent le colon dans sa lutte. Enfin, l’administration même est en quelque façon boiteuse. Le service de l’inspection primaire est insuffisamment pourvu ; les circonscriptions de l’Algérie sont trop étendues ; les inspecteurs primaires ne peuvent pas visiter une fois par an toutes leurs écoles ; il y aurait lieu de créer, dans chacun des départements, un nouvel emploi d’inspecteur primaire. Faut-il ajouter que, pour des motifs dont l’appréciation nous échappe, le Conseil général d’Alger a supprimé, ou réduit, à partir de janvier 1886, les indemnités allouées à l’inspection académique et aux inspecteurs primaires, encore que les titulaires de ces fonctions eussent loyalement rempli leur devoir ?

Instruction des indigènes.

Quoi qu’il en soit, pour ce qui regarde l’instruction des Européens, la France a fait en cinquante ans autant et plus que les peuples renommés pour leur aptitude colonisatrice. Ni les Anglais dans l’Inde, ni les Hollandais à Java, ni même les Américains dans l’Ouest, ne sauraient rien citer de comparable à la création méthodique et rapide de nos écoles d’Algérie. Reste la question de l’instruction des indigènes, question non pas nouvelle, mais ajournée jusqu’à cette heure et qui ne pouvait sans doute passer en première ligne : elle est, en ce moment, à l’ordre du jour de la presse, de l’opinion et des pouvoirs locaux ;