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RAPPORT SUR L’INSTRUCTION PUBLIQUE EN ALGÉRIE

en lumières, qu’elle y est véritablement prépondérante, puisque, sur 3,900 élèves secondaires, les étrangers n’en comptent que 230 ; enfin, qu’elle est essentiellement colonisatrice, car les enfants, nés pour la plupart sur le sol africain, ne songent presque en aucun cas à le quitter et se destinent aux travaux de la colonisation. En France, où la proportion des élèves secondaires est quatre ou cinq fois plus faible qu’en Algérie, celle des déclassés est beaucoup plus considérable.

Enseignement primaire.

Il est à peine besoin de dire que l’enseignement primaire jouit d’une grande popularité auprès des conseils élus et des municipalités ; il a pris son développement sous l’impulsion concertée du gouvernement général et de l’administration de l’instruction publique. On sait qu’en Algérie la direction de l’enseignement primaire appartient au recteur. Quel argument de fait en faveur de la thèse qui consiste à rendre, mème en France, l’instituteur et l’école à leur juridiction naturelle ! Voici, depuis 1872, les progrès accomplis sous ce régime. Il existait, à cette époque, 625 écoles primaires et salles d’asile donnant l’instruction à 57,000 enfants, dont 1,500 musulmans. C’était, pour la population d’alors, recensée à 280,000 Européens, une proportion de plus de 20 %. Aujourd’hui, la population totale européenne étant de 159.346 Français, étrangers et israélites naturalisés, le nombre des écoles primaires est de 857, dont trois écoles primaires supérieures. Celui des asiles (on leur a conservé ce nom) est de 210. Ces 1,087 écoles reçoivent 24,270 enfants du premier âge et 60,940 élèves européens, plus 5,973 indigènes, ensemble 94,183 enfants, soit 34,000 de plus qu’en 1872. La proportion avec le chiffre de la population européenne, qui était déjà de 20% en 1372, s’est maintenue au même taux, malgré l’accroissement de cette population. On compte un élève primaire pour moins de 7 habitants européens ; en France, la proportion n’est guère que de 12 %[1].

Ces chiffres justifient le rang élevé qui fut assigné à l’Algérie

  1. Pour mémoire, ajoutons 129 cours d’adultes, fréquentés par 3,149 hommes et 409 femmes, ensemble 3,558 élèves.