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REVUE PÉDAGOGIQUE

indigènes. Le chiffre des élèves français ou israélites naturalisés a passé de 1,460 en 1875 à 3,200 en 1886 ; c’est une progression de plus du double. Quant aux indigènes, ils étaient 226, il y a dix ans : leur nombre a diminué de moitié. Cela tient au fâcheux échec de l’expérience qu’on tenta, après la suppression des collèges arabes, de soumettre à la discipline universitaire les enfants musulmans des familles les plus dévouées à la France. L’Université n’est pas responsable de cet insuccès ; elle n’a manqué ni de patience ni de cordialité envers ces enfants étrangers à nos mœurs et dépourvus d’éducation première ; elle ne les a trouvés ni rebelles, ni corrompus, ni incapables de culture, mais quoi ? Lorsqu’elle les avait instruits, civilisés, on ne savait qu’en faire, on n’avait point de places à leur donner. Il semblait que l’armée pût les recueillir, en tirer bon parti, mais nulle obligation ne les contraignait à se faire soldats ; ils retournaient aux tribus, retombaient sous le joug des influences hostiles ; la politique exigeait qu’on leur refusât l’instruction comme on leur interdit les armes perfectionnées, tout en leur laissant le fusil de leurs aïeux. Il a été décidé qu’on imposerait aux boursiers indigènes du gouvernement les prescriptions du décret qui règle les examens pour l’obtention des bourses. C’est, à bref délai, la fin d’une institution sur laquelle on avait pu fonder de généreuses espérances.

L’enseignement secondaire classique a, jusqu’ici, l’avantage sur celui des cours spéciaux. La proportion est des deux tiers en faveur du premier : 2,230 élèves contre 1,122. Cela tient à d’anciennes habitudes souvent plus vivaces aux colonies que dans la métropole. — La proportion des élèves secondaires par rapport à la population européenne, en défalquant les indigènes non naturalisés, est de 7.3 par mille environ, soit un élève secondaire pour 136 habitants. En 1876, d’après une statistique officielle, on ne comptait, en Algérie, qu un élève pour 143 habitants ; mais il est surtout remarquable que la proportion se soit améliorée en même temps que s’accroissait la population européenne, et surtout française, de 280,000 Européens dont 120,000 étrangers, en 1875, à 460,000, dont 190,000 étrangers (chiffres ronds), d’après le recensement de 1882. Ces chiffres démontrent qu’en Algérie, c’est la famille française qui s’accroît en nombre, en bien-être,