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REVUE PÉDAGOGIQUE

sur-Mer (Calvados) à l’âge de 63 ans. Élève de l’École normale supérieure, il obtint, peu après sa sortie, le titre d’agrégé des sciences physiques, et ne tarda pas à être appelé au collège Rollin comme professeur de physique. Un enseignement clair et méthodique valut à sa classe de nombreux succès au concours général ; mais ses goûts naturels, une vocation qui datait de l’enfance le portaient avec entraînement vers les sciences naturelles. Observateur attentif et judicieux, il tira parti de son savoir en physique et en chimie pour étudier les phénomènes si complexes de la vie animale. Le groupe des insectes fit plus particulièrement l’objet de ses recherches. La thèse inaugurale de docteur ès sciences naturelles qu’il soutint avec éclat devant la faculté des sciences de Paris fit sensation dans Je monde des naturalistes. Maurice Girard y établit, par des expériences fort nettes, que les insectes, à des phases diverses de leur existence, peuvent devenir de véritables sources de chaleur ; il parvint même à mesurer les quantités de chaleur émises par ces animaux, dans des conditions déterminées. Son livre sur les Métamorphoses des insectes, son grand Traité d’Entomologie publié chez M. J.-B. Baillière, de nombreuses notes insérées dans les Bulletins d’insectologie consacrèrent sa réputation de savant consciencieux. Ses collègues de la Société entomologique de France lui donnèrent ua témoignage de haute estime en le portant à la présidence de leur compagnie.

Les travaux d’érudition, les recherches personnelles n’empêchaient pas Maurice Girard de s’intéresser à tout ce qui a rapport à l’enseignement des sciences naturelles. À l’époque de la dernière exposition, il publie, sous les auspices du ministère de l’instruction publique, un Catalogue raisonné des animaux utiles et des animaux nuisibles, qui est devenu un guide précieux pour nos instituteurs. Il profita de la présence d’un grand nombre d’instituteurs à Paris pour exposer devant eux ses idées sur l’enseignement de la physique à l’école primaire ; sa conférence, toute simple et toute familière, obtint un véritable succès. Comme membre de la Commission des sciences physiques instituée au ministère, il s’occupa activement du choix des échantillons de zoologie à introduire dans les collections des écoles normales : et c’est principalement à lui qu’est due la préparation des programmes de zoologie qui furent ultérieurement soumis au Conseil supérieur.

À raison des services que Maurice Girard a si généreusement rendus à l’enseignement primaire, la Revue pédagogique ne pouvait manquer de consacrer au moins quelques lignes à la mémoire de l’homme de bien, du savant modeste.