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REVUE PÉDAGOGIQUE

ou des octrois, on y retrouve donc souvent la date exacte du commencement des vendanges. À la suite d’une enquête qu’il avait organisée dans toute la France, le Bureau central météorologique a pu réunir la série des époques des vendanges pour 610 localités ; quelques-unes de ces séries remontent à plus de trois cents ans, et une, celle de Dijon, à cinq cents ans. Puisque la maturation de la vigne dépend, comme tous les phénomènes de la vie végétale, des conditions climatologiques, on doit donc pouvoir, au moyen des époques de vendanges, se faire une idée du climat des siècles passés, où les observations météorologiques n’existaient pas, et voir, par exemple, si, comme le prétendent certains auteurs, le climat de notre pays va sans cesse en se détériorant.

La date des vendanges varie beaucoup, d’une année à l’autre, sous l’influence des conditions climatologiques ; la différence entre les vendanges les plus hâtives et les plus tardives, dans un même pays, peut atteindre 60 et 70 jours. Ces différences, quoique bien affaiblies, se retrouvent dans les époques moyennes des vendanges calculées pour une longue série d’années. Ainsi à Dijon, par exemple, de 1150 à 1850 on a vendangé en moyenne sept jours plus tard que de 1625 à 1723 ; mais ces variations ne paraissent pas affecter l’allure d’un changement qui s’effectuerait toujours dans le même sens, comme celui qui résulterait d’une détérioration progressive du climat ; elles paraissent plutôt des oscillations, que l’on peut attribuer à des causes purement locales, telles que la modification de la nature du cépage, la replantation des vignes, l’augmentation du nombre des ceps, des changements dans le goût des habitants ou dans le mode de culture, etc. Ce qui confirme encore cette conclusion, c’est que les variations des époques moyennes des vendanges ne sont nullement parallèles dans des stations même très voisines, qui auraient dû cependant éprouver de la même façon les effets d’un changement de climat. En ajoutant à ces considérations celles que l’on a déduites de la permanence des espèces de vigne cultivées dans le même lieu depuis les époques les plus reculées, il est permis d’affirmer que, depuis une dizaine de siècles, au moins, le climat de la Bourgogne, en particulier, n’a pas changé d’une façon appréciable.