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CAUSERIE SCIENTIFIQUE

reste en dessous de la limite inférieure, la plante ne pousse pas ; quand il dépasse la limite supérieure, la plante dépérit et meurt.

Pour la plupart des arbres de nos forêts, les observations obtenues en France semblent montrer que la période végétative commence quand la température dépasse 0° ; la feuillaison se produit quand la somme des températures moyennes diurnes, depuis le moment où la température a dépassé 0°, atteint, par exemple, la valeur de 333° pour le lilas, de 51° pour le bouleau, de 522° pour le marronnier d’Inde, de 671° pour le chêne pédonculé, etc. Le lilas se contente, pour fleurir, d’avoir reçu 613 ; mais pour le tilleul, il faut tout près de 1280°. Pour les céréales, les conditions sont différentes ; ce n’est plus à partir de 0° que commence la végétation, mais seulement à partir de 5° ou mieux de 6° ; tant que la température n’atteint pas ce chiffre, le blé ou le seigle restent stationnaires : toutes les températures au-dessous de 6° ne leur servent de rien, quelque prolongées qu’elles soient. Ces deux plantes arrivent à maturité et la moisson peut s’accomplir quand elles ont reçu une somme totale de températures, comptées au-dessus de 6°, égale à 935° pour le seigle et à 1100° pour le blé d’hiver. Connaissant ces nombres, on voit que, si l’on peut prévoir la marche de la température, on pourra prédire du même coup l’époque de la moisson. On conçoit aisément, d’autre part, que la distribution géographique des plantes pourra s’expliquer par des considérations purement géologiques et climatologiques, si l’on connaît les limites inférieure et supérieure des températures utiles à chaque végétal et la somme de chaleur qu’il peut recevoir pendant tout le temps que, dans un pays donné, la température restera comprise entre ces deux limites.

Nous avons dit plus haut que l’observation des phénomènes de végétation pouvait, à son tour, rendre des services à la climatologie ; nous en donnerons, pour terminer, un exemple. De tous les phénomènes de végétation, celui sur lequel il est le plus facile de retrouver des renseignements précis pendant une longue série d’années est l’époque des vendanges. Sous l’ancien régime, en effet, les propriétaires de vignobles étaient généralement forcés, pour les vendanges, d’attendre la publication du ban de vendanges. En compulsant les registres des municipalités