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CAUSERIE SCIENTIFIQUE

traînerait bien en dehors du cadre de cet article ; nous nous contenterons donc d’insister pour cette fois sur un point de détail, qui présente toutefois un grand intérêt pratique, les relations qui existent entre les observations météorologiques et ce qu’on appelle les observations phénologiques, c’est-à-dire celles qui concernent les diverses phases du développement des végétaux, la migration des oiseaux, l’apparition des insectes, etc. Voilà bien longtemps déjà que Quételet en Belgique, Hoffmann à Giessen, Fritsch à Vienne, Hildebrandsson en Suède, ont insisté sur l’importance de ces études et réuni des données précieuses. L’intérêt de ces recherches est double : d’une part, la météorologie doit parvenir à préciser les conditions nécessaires pour que l’évolution de chaque végétal s’effectue régulièrement ; elle permettra ainsi de prévoir quelque temps à l’avance l’époque des diverses phases de cette évolution, par exemple la date de la moisson, des vendanges, etc., et aussi d’expliquer les causes de la répartition géographique de chaque végétal ; d’autre part, la flore d’un pays doit donner une idée suffisamment précise de son climat, et la connaissance des époques où certains phénomènes de végétation se sont produits dans les siècles reculés est à peu près le seul moyen que nous possédions pour nous faire quelque idée des conditions météorologiques dans ces temps où les observations font entièrement défaut.

Jusqu’à ces dernières années, les observations phénologiques avaient été entièrement négligées en France ; dès sa création, lc Bureau central météorologique mit cette question à l’étude ; les observations régulières commencèrent dans toute la France en 1880, et les résultats des quatre premières années d’observation ont été publiés et discutés dans les Annales du Bureau central pour 1882 et 1884.

La date d’un phénomène quelconque de végétation varie, dans une même région, entre d’assez grandes limites sous l’influence de conditions multiples, altitude, exposition, nature géologique et humidité du sol, âge et vigueur de la plante observée, etc. ; de là de grandes difficultés dans la discussion. Pour éliminer autant que possible ces influences diverses, il faut absolument posséder un nombre considérable d’observations dans des pays voisins ; cette condition commence à être assez bien remplie en