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CAUSERIE SCIENTIFIQUE


De toutes les sciences d’observation, une des plus jeunes et des plus intéressantes, mais celle dont les premiers progrès ont été relativement les plus lents, est la météorologie. Cette lenteur dans son développement tient à la nature même de cette science, qui n’a pu réellement prendre son essor qu’à partir du moment où les observations météorologiques ont été organisées d’une manière systématique dans une grande étendue de pays, et poursuivies régulièrement et sans lacunes, dans le temps comme dans l’espace. Un laboratoire suffit au chimiste ou au physicien ; un observatoire à l’astronome ; un naturaliste travaille seul avec quelques collections qu’il lui est le plus souvent possible de réunir lui-même. Pour la météorologie, les conditions sont toutes différentes : les phénomènes divers qui se produisent dans l’atmosphère sont extraordinairement complexes ; ils ne passent jamais par toutes les phases de leur développement dans un même endroit, et se déplacent sans cesse en se modifiant à l’infini suivant les influences locales ; le plus souvent, ils sont déterminés et régis par des conditions très générales, qu’on ne peut saisir à moins que les observations ne soient faites simultanément sur une grande étendue de pays. Il est donc indispensable que les postes d’observation soient extrêmement multipliés ; il faut que la surface de chaque pays soit couverte d’un réseau de stations assez serré pour qu’aucun phénomène ne puisse se produire sans être noté et suivi dans ses diverses phases ; il faut que les observations, faites sur un plan uniforme pour être comparables les unes avec les autres, soient centralisées ensuite, discutées et publiées d’une manière régulière, pour que les météorologistes trouvent ensuite dans ces publications la matière de leurs travaux. Il est clair qu’une organisation aussi complète ne peut être réalisée que par les gouvernements ; de là la nécessité de la création dans chaque pays d’un service météorologique qui, demandant à chaque observateur le résultat de ses observations, les coordonne, les publie et lui offre en retour le résultat des observations de ses voisins, sans lesquelles ses travaux resteraient stériles et sans portée.