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EN ALGÉRIE

insuffisants. Les quatre classes sont séparées par un long corridor au bout duquel un escalier de bois conduit au premier étage, qui comprend deux appartements : à droite et en face est celui du directeur, M. G., dont la femme est adjointe ; il se compose d’une salle à manger où nous avons déjeuné, d’une grande chambre à deux lits, la chambre des hôtes : dans la construction de chaque école principale éloignée de tout centre on a ainsi prévu une chambre destinée aux hôtes que les besoins du service ou la curiosité peuvent amener en ces lieux isolés, inspecteurs, administrateurs ou visiteurs « de distinction », comme dit M. Scheer, qu’il a semblé peu convenable de condamner à l’hospitalité indigène. C’est là que nous coucherons, M. Bianconi et moi ; une autre chambre est destinée au recteur ; M. et Mme G. ont sans doute cédé la leur à M. et Mme Lenient. Pour eux et leur petite famille (ils ont trois fillettes), ainsi que M. Scheer, où se retirent-ils ? Ils se seront sans doute bien gênés pour nous recevoir ; mais leur amabilité est telle, qu’ils semblent très à l’aise malgré ce surcroît d’embarras. A gauche est l’appartement de l’adjoint, M. P. ; il est, je crois, plus petit, simple, pourvu du nécessaire, voilà tout.

L’école de Djemâa-Sah’aridj est une école principale. On appelle ainsi celle qui se trouve au siège principal d’une tribu et est dirigée par un instituteur français. Le directeur surveille les écoles des thadderth environnants, que dirigent des moniteurs indigènes et qui sont appelées écoles préparatoires. Toutes les écoles ne sont pas encore classées en exécution du décret du 13 février, mais elles vont l’être. Ce classement est avantageux pour les directeurs, auxquels il assure 100 francs d’augmentation par an pendant cinq ans, plus 200 francs par an pour la surveillance de chaque école préparatoire ouverte sous la direction d’un de leurs anciens élèves, le tout soumis à la retenue et comptant pour la retraite[1].

M. G. est Algérien, de Birkadem, sorti de l’école normale de Mustapha : c’est un homme simple, modeste, calme, qui a beaucoup d’autorité sur ses élèves. Il a réuni un commencement de musée local très intéressant, relégué, faute d’armoire, dans un coin de la classe : ce sont des produits du pays et aussi des modèles d’instruments agricoles, plutôt de jardinage, en miniature, travail ingénieux de l’adjoint, M. P. Mme G. est aussi Algérienne, d’Orléansville : elle a deux diplômes, d’institutrice et de directrice d’école maternelle ; elle a de plus, ainsi que son mari, le certificat de stage de médecine. M. P., l’instituteur-adjoint, est sorti d’une ferme-école de France ; je n’ai pas besoin de dire qu’il serait bien à désirer

  1. Ces avantages sont sérieux ; il ne faut pas moins que cette perspective d’une direction pour attacher les instituteurs à leurs fonctions et compenser les ennuis et les inconvénients, souvent cruels, qui les attendent loin de tout secours.