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REVUE PÉDAGOGIQUE

blanche façade de l’école de Tizi-Rached, que nous visiterons demain, À quelque distance de Tamda nous remarquons des constructions toutes différentes des autres : la toiture est en dis en branchages ; je m’informe ; l’excellent M. Scheer, que nous sommes heureux d’avoir avec nous, m’explique que c’est l’ancien Tamda ; les habitants, d’origine turque, établis dans ce pays, avaient continué à bâtir comme bâtissaient leurs ancêtres. Ils ont été dépossédés à la suite de l’insurrection de 1871, à laquelle ils avaient pris une part active : leurs biens séquestrés, ils ont abandonné leur village et quitté le pays, qui est aujourd’hui occupé par les Européens.

Nous approchons de Mékla, qui est caché dans la montagne. Sous prétexte de raccourcir la route, M. Scheer nous engage à descendre de voiture et à faire à pied le reste du trajet. Curieux de mieux voir le pays, le recteur, l’inspecteur d’académie et moi nous le suivons et gravissons la montagne ; il fait chaud, le chemin est montant, boueux, malaisé et de tous les côtés au soleil exposé : nos fronts ruisselants s’en ressentent. La route est si bien raccourcie, que nous arrivons au village une demi-heure après M. et Mme Lenient qui ont continué en voiture. Mais nous ne regrettons pas notre fatigue. Le coup d’œil embrasse au loin le cours serpentant du Sébaou et, par une large échancrure de la montagne, sur une des crêtes du Djurdjura, à 1000 mètres d’altitude, se découvrent la terrasse et plus haut la citadelle de Fort-National.

Nous étions attendus, non de la population européenne de Mékla, mais de la population indigène de Djemäa-Sah’aridj ; l’adjoint spécial, M. Boullu, l’instituteur, M. G., le président en manteau rouge, l’amin et l’outil qu’aucun insigne ne distingue, le garde-champêtre en manteau bleu bordé de jaune, avec tous les membres de la djemâa et la foule des indigènes descendus en masse de leurs thadderth, nous attendent rangés en cercle.

Ici on me permettra une parenthèse pour ceux de nos lecteurs qui ne sont pas au courant de l’administration algérienne. Notre colonie africaine comporte trois sortes de communes différemment administrées : les communes européennes de plein exercice, qui ont, comme en France, un maire avec un ou plusieurs adjoints, selon leur importance ; les communes mixtes, à la tête desquelles est un administrateur avec un adjoint, un adjoint stagiaire, au besoin un adjoint spécial chargé, comme à Mékla, d’une fraction de la commune : c’est là une sorte de transition au régime français : enfin les communes indigènes, qui sont administrées par les officiers des bureaux arabes, en attendant que les progrès de la colonisation aient permis de substituer l’administration civile au régime militaire. Il arrive que dans la même localité il y ait à la fois deux et même trois administrations différentes.Fort-National est une commune européenne et une commune mixte. Aumale est une commune européenne, une commune mixte et une commune indigène : peut-être y a-t-il d’au-