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LÀ PRESSE ET LES LIVRES

énergiquement qu’ils savent peut-être que le maître suit un certain ordre et ne les interrogera pas ce jour-là.

Il y a déjà là des germes de défauts et d’immoralité qui risquent de se développer tristement plus tard.

La classe est troublée par le bruit, les gestes parfois risibles, les efforts, les grimaces, le claquement des doigts, les chuchotements, les appels à haute voix. Si le maître manque d’énergie, s’il n’a pas d’autorité, voilà des éléments détestables de trouble et d’indiscipline.

Ce n’est pas tout. Ces mains levées, ces corps à demi debout forment une sorte de rideau derrière lequel se jouent des scènes fâcheuses ; les camarades se taquinent, crient, se moquent, se communiquent leurs cahiers ; d’autres se contentent de bâiller ou de ne rien faire, ravis de voir devant eux tant de mains levées, tant de camarades qui ne demandent qu’à répondre et à leur ôter la nécessité de le faire eux-mêmes, de sortir de leur agréable inertie. Ce sera, dit-on, la faute du maître, beaucoup plus que de l’habitude signalée. Sans doute, mais ce sont là autant d’occasions de mal faire que l’on multiplie. Supprimez-les ; supprimez l’habitude de lever les mains, d’appeler bruyamment ou vivement l’attention du maître par toutes sortes de gestes et de postures, et vous obtenez d’abord une meilleure tenue, ce qui n’est pas à dédaigner.

Quand le maître pose une question à la classe tout entière, il n’a pas besoin de mains levées ; il voit à la physionomie, au regard, au mouvement du visage si les esprits travaillent ; il peut, s’il veut, prendre en flagrant délit d’ignorance ou d’inattention ; il peut interroger un élève qui lui paraît avoir mal compris ; il peut poser la question à l’un de ceux qui savent bien et dont la réponse sera utile à tous. Ces nuances sont visibles pour un maître attentif, qui connaît ses élèves, qui les suit de près.

Ses questions peuvent tomber sur un quelconque des élèves ; nul ne sait s’il ne sera pas interrogé ; tous peuvent s’y attendre, peuvent réfléchir ; ils ne sont pas troublés par le mouvement des mains et par les réflexions ou distractions de toute nature que ce spectacle agité peut faire naître dans leurs esprits. Ce qui doit déterminer le choix du maître, ce ne sont pas des mains levées ; ce sont d’autres raisons, tirées de l’histoire intime de la classe, de la psychologie des enfants, des incidents qu’il a notés, du but qu’il poursuit.

Ce système suppose en effet un maître qui a pris son œuvre à cœur, qui ne se regarde pas comme un mercenaire, chargé d’une tâche dont il faut s’acquitter avec le moins de peine possible, mais qui se préoccupe du vrai bien et des progrès de toute nature de la classe tout entière confiée à ses soins.

Beiträge zur Pädagogik der Gegenwart, Gesammelte pädagogische Aufsätze, von Karl Cassau ; Langensalza, Grossler, éditeur, 2 vol.