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REVUE PÉDAGOGIQUE

chant le plus tôt possible les aptitudes diverses pour les lancer dans leur direction particulière ?

Le latin, le grec, tout l’ensemble d’études et de loisirs qu’ils supposent et qu’ils accompagnent, sont-ils les éléments indispensables de k culture générale, ou sont-ce de faux dieux auxquels on sacrifie beaucoup trop ? M. Richard Kœhler est de ce dernier avis, et il n’est pas le seul.

M. Dillmann, de Stuttgart, se plaint dans la Kölnische Zeitung de la contrainte qu’exerce l’État en envoyant la jeunesse dans les gymnases. En sortant de là, la plupart des jeunes gens sont incapables de gagner leur vie, car on ne peut tous les caser dans les emplois et fonctions dont l’État dispose. Ce qu’ils ont appris ne leur sert à rien, et ce qui pourrait leur servir à se créer une existence en dehors du fonctionnarisme, ils ne l’ont pas appris — ou ne l’ont pas appris convenablement.

A l’heure actuelle, continue-t-il, tout le monde se plaint de la multitude croissante qui se presse aux abords des carrières pour lesquelles une instruction élevée est nécessaire ; d’autre part, les patrons se plaignent de n’avoir plus que des apprentis ou des ouvriers incapables. Cela tient en partie à ce que les écoles primaires ne répondent pas encore aux besoins nouveaux, et à ce que les hautes écoles ont des classes préparatoires qui n’éliminent personne. À mesure qu’on monte dans l’échelle sociale, on repousse avec plus de dédain l’idée d’envoyer son fils à l’école primaire ; on le met dans les classes préparatoires du gymnase ; il continue dans cette voie ; il peut être paresseux, d’esprit lourd et lent, il perd son temps : on lui donne des maîtres supplémentaires, des répétitions ; il s’ennuie, se butte, n’arrive à rien qui vaille. Peut-être, si on lui eût donné un bon métier, y aurait-il parfaitement réussi.

Si l’on appliquait à dédoubler les écoles primaires, trop pleines, l’argent qui se dépense pour remplir de plus en plus les hautes écoles, dit M. Dillmann, on verrait monter le niveau des écoles primaires, on diminuerait le nombre des élèves des gymnases, et l’on préparerait les voies à ceux qui seraient en état de passer des unes dans les autres. Il voit le salut dans le développement de l’enseignement populaire, des écoles de perfectionnement industriel, des écoles réales sans latin.

M. Arthur de Soden, professeur au gymnase de Reutlingen, fait à son tour la guerre à l’enseignement secondaire, ou du moins à ses méthodes actuelles, dans une grosse brochure qu’il vient de publier sous ce titre : Die Einflüsse unseres Gymnasiums auf die Jugendbildung ; Vorschläge für eine natur— und zeitgemässe Reform der Mittelschule.

IL attaque vigoureusement ceux qu’on appelle les philologues, il leur reproche de se croire infaillibles, et d’avoir creusé un abîme entre le gymnase et la vie réelle. Dans ces dernières années, le