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LÀ PRESSE ET LES LIVRES

hautes et moyennes écoles sur la vie sociale et l’activité économique de l’Allemagne, et M. Richard Kœæhler la reprend à son tour dans les Rheinische Blätter fur Erziehung und Unterricht. Le président du Congrès a déclaré qu’il considérait la question comme d’extrême importance pour l’avenir économique et social du pays, et que la Société n’avait pas la prétention de la résoudre, mais simplement de la poser.

Le rapporteur, secrétaire général de l’association, M. Bueck, de Düsseldorf, a posé en principe, fort justement, que la prospérité commerciale d’un pays dépend de la culture de ses citoyens, et que cette culture ne doit pas être exclusive. L’Angleterre, dit-il, ne pourra pas conserver sa haute situation économique, parce que la grande masse de ceux qui possèdent n’y reçoivent qu’une instruction spéciale. Quant à l’école primaire, il en parle avec un certain dédain ; avec la tâche restreinte qu’elle s’assigne, elle n’est pas en état de préparer suffisamment des élèves à la lutte pour la vie et à la concurrence sur le domaine économique et social. D’où la nécessité d’écoles moyennes, destinées aux enfants des classes moyennes.

Cette condamnation sans appel de l’immense multitude qui ne fréquente que les écoles primaires ne prouve en faveur ni de l’esprit démocratique ni de la perspicacité politique du secrétaire général de l’association. Un républicain, un Suisse, le docteur Bucher, de Bâle, a protesté, et M. Richard Kæhler s’associe à cette protestation, en rappelant que la tâche de l’école primaire est loin d’être si étroite, si limitée ; sans doute, le Congrès ne s’occupait que des hautes et moyennes écoles, qui correspondent à peu près à nos lycées et collèges ; mais il est impossible de résoudre la question sociale, ni même de faire progresser Ja question économique, si l’on ne tient pas le plus grand compte de l’école primaire, dont l’influence est si considérable sur la vie sociale, industrielle et commerciale de nos sociétés modernes.

L’école primaire, dit M. Richard Kœhler, n’est que trop souvent considérée comme la Cendrillon à côté de laquelle se pavanent les écoles primaires supérieures, les gymnases, etc. Le gymnase (lycée ou collège) regarde du haut de sa grandeur les autres institutions scolaires ; ses élèves se considèrent comme supérieurs au reste du genre humain, et méprisent profondément quiconque n’y a pas fait. ses classes. Cette disposition fâcheuse contribue à maintenir dans la société des rivalités, un antagonisme et des séparations regrettables.

Cette rivalité se retrouve entre les Oberrealschulen et les Realgymnasien, comme entre ceux-ci et les gymnases classiques. L’Allemagne cherche sa voie sur ce terrain. Sera-ce en séparant décidément les enseignements selon le genre des établissements, ou en cherchant à les rapprocher autant que possible dans les mêmes cours ? Serais-ce en cherchant une éducation commune avec des bifurcations à diverses étapes de la route, le plus tard possible, ou bien en recher-