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REVUE PÉDAGOGIQUE

Il instruit non seulement par ce qu’il apprend sur un sujet particulier, sur celui qu’il traite, il instruit d’une façon générale par la. méthode qu’il suit, dont il donne l’idée et présente en quelque sorte le modèle. Il apprend un art qui est encore trop peu connu et pratiqué dans notre enseignement primaire, celui de lire lentement, de se rendre compte de ce qu’on lit, de l’étudier de près, par le détail : il apprend le souci, le respect de la forme, de la langue, du mot — : de la forme, par laquelle il nous faut nécessairement passer pour aller jusqu’au fond ; du mot, qui traduit l’idée, qui la rend ou plus ou moins nette ou affaiblie, émoussée, ou avec toute sa valeur et tout son relief.

Les habitations ouvrières, études sur maisons pour une ou plusieurs familles, par Émile Cacheux, ingénieur des arts et manufactures ; Paris, Baudry, éditeur, 4 vol. in-8. — A aucune époque autant qu’aujourd’hui, la question des habitations ouvrières et des logements à bon marché n’a sollicité l’attention générale ; c’est l’une de celles dont la solution s’impose à une société démocratique. Dans les grandes villes, et particulièrement à Paris, des efforts ont été tentés pour arriver à établir des maisons accessibles par le prix de vente ou de location non seulement aux ouvriers, mais aux gens de toute classe et de fortune modeste. Des sociétés d’étude ont été constituées, des projets présentés à l’administration de la Ville, mais de ces projets aucun jusqu’à présent n’a rallié une approbation unanime.

Dans le livre qu’il vient de publier, M. Cacheux étudie le problème si complexe de la construction à bon marché, il en expose les principes, en développe les moyens pratiques, avec la compétence du constructeur et l’autorité de l’homme qui possède la science de son métier. Plusieurs villes déjà et des chefs d’industrie ont fait établir pour la population ouvrière des habitations suffisamment spacieuses, salubres, dans des conditions de prix très satisfaisantes. Il croit que ce qui a été réalisé dans d’autres pays est également réalisable dans Paris, et il se fait fort de le prouver par des chiffres. Sa démonstration s’appuie sur des exemples qui paraissent indiscutables.

Dans le département de l’Aisne, le familistère de Guise loge une population de douze cents ouvriers et assure à tous ses hôtes, avec l’habitation, tous les avantages réservés a la seule richesse. M. Godin, le fondateur du familistère, a annexé à son établissement une crèche et des écoles où l’enfant reçoit la première instruction jusqu’à quatorze ans ; à cet âge, l’enfant peut, suivant ses goûts et ses aptitudes, faire son éducation dans les ateliers, ou choisir. toute autre carrière. L’usine des fourneaux en fonte établie à Guise a été mise en actions, elle est maintenant la propriété des ouvriers dont la part d’intérêts augmente chaque année. Un autre exemple,