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LA PRESSE ET LES LIVRES

tresser des paillassons, trier des légumes, etc., etc. Ils gagnent quelques sous et sont occupés. C’est déjà un progrès.

Mais on peut faire et on fait mieux encore. On a établi ce qu’on appelle des asiles de garçons (Knabenhorte), qui ont simplement pour objet de recueillir les enfants à leur sortie de l’école jusqu’à l’heure où ils peuvent rentrer dans leur famille, et de leur fournir les moyens -de s’amuser et de travailler sous une surveillance. Le difficile est d’éviter de donner à ces sortes d’externats surveillés les allures d’une ’école ; la nécessité de la discipline avec des enfants nombreux, assez mal élevés et d’âge différent, imposent certaines règles qui peuvent rebuter les garçons et les rejeter dans la rue d’où l’on veut les retirer.

Le Dr Sachse, directeur d’un asile de garçons à Leipzig, croit avoir atteint le but. Son asile n’est pas, comme les autres, une institution due exclusivement à l’initiative privée ; le conseil municipal en a pris la charge et a par conséquent levé une des principales difficultés. Il a donné pour cet usage une belle classe attenant à une de ses écoles, et les enfants peuvent profiter des préaux et du gymnase. De plus, il attribue une somme de 1, 500 marcs pour le traitement d’un maître surveillant et les frais de diverse nature.

Les enfants n’ont donc pas de chemin à faire pour se rendre à l’asile ; ils le trouvent ouvert tout près d’eux dès la sortie de la classe. Ils s’y rendent chaque jour à quatre heures ; le mercredi et le samedi Où il n’y a pas de classe d’après-midi, ils s’y rendent à deux heures. La sortie a lieu à sept heures du soir.

L’instituteur, qui peut voir les enfants en liberté, apprend à les mieux connaître, et peut leur donner d’utiles conseils à l’occasion. Ils se montrent là souvent sous un meilleur jour qu’à l’école ; tel qui est lent à l’étude se montre ingénieux et actif dans des travaux de son choix. On leur donne en effet tous les moyens possibles de s’occuper, pendant les longues heures qu’ils passent.à l’asile, où ils aiment à confectionner, chacun selon son goût, les objets les plus variés. Ils peuvent, à leur gré, travailler séparément ou se livrer à une occupation commune.

À une exposition des travaux de l’asile qui a eu lieu à Pâques, On pouvait voir de petits théâtres, des chambres de poupée, des boites et cartons de toute sorte, des corbeilles, des empreintes en plâtre de monnaies, de médailles et de feuilles, des crochets, des patères, des objets de tour, de découpage, des crosses de fusil, des damiers, etc. Quelques-uns confectionnent les étiquettes du jardin botanique, des reliures simples, des corps géométriques, une chambre obscure, quelques instruments de physique.

En même temps que c’est un excellent moyen d’occuper les loisirs arrachés au vagabondage, ce sont des occasions de s’instruire, de s’intéresser, de se développer, d’acquérir de l’initiative, de l’adresse, de prendre goût et plaisir au travail.