Page:Revue pédagogique, second semestre, 1885.djvu/478

Cette page n’a pas encore été corrigée
470
REVUE PÉDAGOGIQUE

La vue. — La Frankfurter Schulseitung contient un travail du docteur Steffan sur les ménagements que commande le soin de la vue des enfants dans les écoles. Il veut entre autres qu’on leur apprenne à lire avant d’écrire, qu’ils soient bien familiers non seulement avec les lettres, mais avec les syllabes, avant qu’on leur mette plume ou crayon en main. Il condamne les livres de lecture et préfère des tableaux suspendus aux murs, offrant de gros caractères, de façon à ce que l’enfant puisse les voir de loin, en se tenant debout.

Ce n’est que dans la seconde année d’école qu’il permet le dur apprentissage de l’écriture, soit sur des ardoises blanches, soit sur des cahiers non rayés. Il bannit l’emploi des lignes bleuâtres ou grises comme une fatigue pour la vue.

Il condamne également dans les écoles enfantines les travaux qui astreignent trop le regard, la couture, le piquage à l’épingle de menus dessins, le pliage de papier en suivant des lignes tracées, etc. Il recommande l’usage de grosses lettres mobiles s’adaptant à des cadres suspendus au mur. Bref tout ce qui applique trop tôt la vue de l’enfant doit être évité ; il faut ne lui mettre d’abord devant les yeux que des exercices qu’il puisse suivre de loin sans fatigue et sans se courber.

Dans le même journal, l’inspecteur Kuhn répond qu’il est indispensable d’enseigner en même temps aux enfants à lire et à écrire, mais qu’on peut éviter les inconvénients redoutés en faisant durer très peu les leçons d’écriture et en supprimant les réglures des cahiers.

La surveillance des enfants après la classe. — L’une des causes les plus visibles de la démoralisation de la jeunesse, c’est la vie des rues se substituant à la vie de famille. Les fabriques, les grands ateliers absorbent le travail ; le père, la mère ne peuvent plus se livrer à leurs occupations dans leur domicile ; le chantier, la manufacture les réclament le matin de bonne heure, ne leur rendent la liberté que le soir. Parfois dans la journée, la mère peut s’échapper un instant, préparer le repas des enfants qui reviennent de l’école ; mais ceux-ci, abandonnés à eux-mêmes, passent dans les rues le temps où l’école ne les garde pas. Heureux quand ils ne prennent pas ensemble l’habitude de courir pendant l’heure des classes et de se soustraire à toute surveillance pour faire l’apprentissage du vice.

Le Pœdagogium raconte quelques-unes des tentatives qui ont été faites dans les grandes villes d’Allemagne pour remédier à ce mal. Des institutions se sont fondées pour recevoir les enfants abandonnés et remplacer pour eux autant que possible la famille. En dehors des internats pour les orphelins ou les enfants abandonnés, des philanthropes ont organisé des sortes d’ateliers de travaux faciles, où les enfants puissent s’occuper en commun pendant les heures que l’école leur laisse, et qu’ils passent habituellement à vagabonder dans les rues. On leur fait fendre du menu bois, rouler des cornets,