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CORRESPONDANCE

Relativement au programme à adopter, nous désirerions que chaque matière eùt sa place marquée dans le tableau des cours. Par exemple, la séance du lundi serait consacrée à la langue française, orthographe, rédaction, lectures choisies, etc. ; celle du mercredi, aux sciences, arithmétique, toisé, dessin, et celle du vendredi, à l’histoire, la géographie et les notions de sciences physiques et naturelles. Qui empêcherait aussi d’afficher ce tableau après qu’il aurait été visé par l’autorité académique et le maire de la commune ? Surtout, que ces matières si vastes soient toujours présentées simplement, sans prétention, mais avec ordre et méthode, et en vue seulement des besoins ordinaires de la vie. L’instituteur y parviendra en recourant à une préparation sérieuse, il en sera dédommagé, d’abord par le bien qu’il fera, et ensuite par la réputation d’homme consciencieux et instruit que lui vaudra un enseignement correct, intéressant, pratique et varié. Disons que c’est pour ne pas s’être suffisamment conformés à cette règle que les maîtres ont vu leurs cours décliner et finalement tomber. Comme ces derniers étaient trop souvent la répétition pure et simple des classes du jour, moins l’entrain et le mouvement (la grande majorité des élèves appartenant à cette section }, les vrais adultes s’en sont vite fatigués pour bientôt les déserter complètement.

Les cours d’adultes ouverts dans les petites communes ne pourront avoir qu’un nombre restreint d’auditeurs au milieu desquels l’instituteur se trouvera toujours fort à l’aise ; dans les communes importantes, il pourra confier à des adjoints une partie des cours, sauf à s’en réserver la surveillance ; enfin, dans les villes, il lui sera possible de se renforcer de collaborateurs, pris parmi les fonctionnaires et les gens studieux, pour quelques branches spéciales dont il se trouvera ainsi déchargé au grand profit de tous.

Sans demander que les générosités de l’État et des départements se reproduisent aussi largement qu’autrefois, nous pensons qu’il serait avantageux de rétablir une classe spéciale de récompenses en faveur des cours d’adultes, consistant en mentions, prix et médailles, aussi modestes qu’on voudra, indépendamment des droits à l’avancement pour les directeurs. Peut-être avait-on trop fait avant 1870 ; ce qui est certain, c’est qu’on a fait trop peu depuis cette époque. Entre ces deux extrêmes, il y avait un juste milieu à garder auquel il faudrait revenir. L’essentiel n’est pas de donner beaucoup, mais de prouver qu’on reconnaît les services, moins par la valeur réelle des récompenses que par la manière de les décerner. Ceci est l’affaire de l’administration, qui ne se fait jamais longtemps prier lorsqu’il s’agit d’encourager en rendant bonne justice à chacun.

Nous nous arrêtons. Nous avons montré comment les cours d’adultes ont été peu à peu délaissés, et comment il nous semble possible de les rétablir. Puissent ces simples réflexions être de quelque valeur pour le bien de l’enseignement et la prospérité du pays !

Veuillez agréer, etc.

Lons-le-Saulnier, le 23 octobre 1885.

C. Dubois,
Inspecteur primaire en retraite.