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REVUE PÉDAGOGIQUE

permettons d’émettre quelques vues contraires à la lettre des instructions ministérielles, nous en demandons pardon à l’autorité. Notre intention est bonne, et c’est sur elle que doit retomber la responsabilité de ce que nous avançons.

À l’égard du recrutement des adultes, il importe d’abord de refuser impitoyablement les enfants d’âge scolaire. Élèves obligés de l’école du jour, ils doivent se voir rigoureusement fermer les portes de l’école du soir. À l’expiration de leur temps de scolarité, c’est-à-dire vers l’âge de quatorze ans, ils seraient reçus et considérés alors comme de vrais adultes. Cette concession est nécessaire ; car si l’école du soir ne leur était ouverte que deux ans plus tard, il serait fort à craindre qu’elle ne les vit plus, ce qui serait très fâcheux assurément.

Cela accordé, voyons quand et comment se dressera la liste des élèves du soir ? C’est pour nous le point capital de la question.

Sans nous arrêter à ce qui se pratiquait, nous proposerions de prendre pour règle ce qui suit : Préparer les listes à partir du mois de juin et les clore le 1er octobre. Serait-ce suffisant ? Non ; car le registre courrait grand risque de rester en blanc. C’est à l’instituteur qu’incombe le soin de dresser ce nouveau genre de rôle de recrutement, de s’en préoccuper et d’agir. Il connaît son monde et n’est pas exposé à des dérangements inutiles. Qu’il établisse donc lui-même sa liste, et qu’il la fasse connaître ensuite aux intéressés : sa démarche sera bien vue, ses conseils bien écoutés et les adhésions unanimes. Si quelques-uns (cas qui n’est guère à prévoir) se montraient un peu récalcitrants, qu’il se fasse aider par e maire, le délégué cantonal ou quelque autre personne influente de la commune qui ne lui refuseront jamais ce service. Combien la chose est simple et facile au village, et combien elle peut ajouter à la considération d’un directeur d’école ! Ce résultat obtenu, il lui reste à se mettre en règle avec l’administration, ce qui n’est pas une charge, mais une satisfaction résultant du devoir accompli.

Que va faire l’instituteur, maintenant qu’il a ses élèves, et par conséquent un cours d’adultes sérieux et assuré ? Pour lui, la seconde question à résoudre est celle-ci : Quels seront les jours et heures des cours, et que comprendra l’enseignement ? Partant de ce principe dont le directeur ne doit jamais se départir, à savoir que les élèves adultes doivent être traités en hommes et non en écoliers espiègles, il réunira un certain jour de septembre ses grands élèves pour prendre leur avis au sujet des jours et des matières de cours. Il ne pourra sortir que de bonnes choses de cette causerie préliminaire qui flattera les intéressés d’abord, et déchargera le maître d’une partie de sa responsabilité.

Quoi qu’il en soit, il importe de ne s’arrêter qu’à des résolutions simples et pratiques. Trois séances par semaine au plus, de deux heures chacune, sont très suffisantes, si l’on veut que le travail soit sérieux et profitable. Entreprendre de faire davantage serait revenir à la vieille routine qui n’est plus de mode dans l’Université. Que, du 45 novembre au 15 mars, les cours aient lieu régulièrement, le lundi, le mercredi et le vendredi de chaque semaine, de 7 à 9 heures du soir, Cela produira un travail effectif de 96 heures. Or, que ne fait-on pas en 96 heures bien employées ?