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A TRAVERS LES ÉCOLES

détail ? Je m’étonnerais fort que ces travaux fussent pour vous sans intérêt et sans profit ; ils vous ouvriraient plus d’un jour ; vous apprendriez à y connaître la valeur pédagogique de votre personnel ; tel d’entre eux vous renseignerait mieux sur la marche d’une de vos écoles qu’une longue inspection. Mais surtout il me semblerait bien impossible que, des réponses d’hommes pratiques sur une question toute de pratique, il ne se dégageât pas certaines idées, fruits de l’expérience et du sens commun, certains procédés qui, discutés et au besoin amendés, serviraient de conclusions nettes et fermes à la conférence et dont vous surveilleriez avec soin dans vos tournées l’application. »

Ainsi devisant, j’oubliais presque la mer dont nous suivions le bord, la mer qui, toujours d’un même mouvement lent et régulier, s’élevait et s’abaissait et qui au loin, sous le soleil déjà plus haut et plus chaud, resplendissait.

Me voici dans une école de filles d’une grande ville. On me conduit tout de suite à la première classe : soit. Installation matérielle et mobilier convenables ; trente élèves de onze à treize et quatorze ans, à la mine pâlotte, proprement vêtues et simplement ; un bout de ruban passé dans les cheveux sous prétexte de les retenir est la seule concession faite à ce goût de parure qui à l’école distingue très nettement la fille du garçon ; aucune de ces recherches d’ajustement trop souvent chères à la population des villes, à cette partie même de la population qui n’est pas la plus aisée ; rien de ce luxe à bon marché si déplaisant quand il est fané et qui se fane si vite. On sent ici l’heureuse influence morale, les conseils écoutés d’une directrice sage et ferme.

La maîtresse de la classe où nous sommes peut être à la rigueur encore dite jeune ; elle est vive, alerte, point embarrassée. Sans se faire prier, elle prend la parole et m’annonce une révision d’histoire de France qui portera sur les quatre grands ministres Sully, Richelieu, Mazarin et Colbert. Le sujet me parait bien un peu vaste ; mais il pique ma curiosité. Lestement les élèves ont fait disparaître livres et cahiers ; et droites, immobiles, les mains derrière le dos, les yeux sur la maîtresse, elles se tiennent