Page:Revue pédagogique, second semestre, 1885.djvu/368

Cette page n’a pas encore été corrigée
360
REVUE PÉDAGOGIQUE

partie de l’école elle-même. « Tout le monde de la maison a été à la classe d’adultes, me disait un jour un chef de famille, mon père, mes frères et moi, et mes garçons n’y iraient pas ! C’est le progrès à rebours. »

Et le raisonnement et les exigences de ce bon citoyen s’expliquent. En effet, il faut admettre que l’instruction d’un enfant ne peut être achevée à treize ans, et que ce qui lui reste à apprendre dépasse de beaucoup ce qu’il sait. Mais l’école n’a plus à le compter au nombre des siens ; il faut donc qu’il renonce à l’étude au moment même où il commercerait à mieux comprendre. Il y a plus, il ne tardera pas à oublier le peu qu’il avait appris, et il arrivera au régiment ignorant des choses qu’il possédait passablement à sa sortie de l’école. C’est pourquoi le cours d’adultes lui est nécessaire, puisque c’est à ce cours qu’il se perfectionnera et se préparera sérieusement à la vie militaire et civile. Il y a plus encore : quoi qu’on fasse, il y aura toujours des illettrés plus ou moins dégrossis. et c’est pour eux surtout que le cours d’adultes a sa raison d’être,

Enfin, écoutons les parents : « Que voulez-vous que nous fassions de nos grands garçons, si vous ne les recevez le soir à l’école ? Ils ne peuvent rester immobiles comme des statues, et s’en iront chercher des distractions malsaines dans les cafés et autres lieux qui ne sont pas faits pour leur âge. Au nom de la morale, sinon pour les instruire, de grâce ne leur fermez donc pas les portes de l’école. »

Conduit par les mêmes motifs, on a vu dernièrement, au sein du Conseil général d’un de nos beaux départements de l’Est, un membre de l’assemblée défendre énergiquement les cours d’adultes, et ne pas vouloir qu’ils aient vécu. Quand il insistait pour qu’une vie nouvelle leur fût donnée, il était, croyons-nous, en parfaite conformité de vues avec ses électeurs et le pays qu’il représente.

Si on nous le permet, nous essaierons peut-être, dans une autre lettre, de rechercher les causes de la décadence des cours d’adultes, et ce qu’il conviendrait de tenter pour les ressusciter.

Dubois,
Inspecteur primaire en retraite.

Lons-le-Saunier, le 24 septembre 1885.


Sur un autre sujet, nous avons reçu la lettre suivante.

Besançon, 22 septembre

Monsieur le directeur de la Revue pédagogique,

Je lis avec beaucoup d’intérêt les articles de la Revue pédagogique, en m’attachant plus particulièrement à la partie mathématique. À