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LA PRESSE ET LES LIVRES

Loin d’en souffrir, les études y gagneront. Ce qu’on croit du temps perdu est du temps gagné. L’enfant plus robuste, plus développé, travaillera plus et mieux, sera plus apte à poursuivre plus longtemps ses études. Si les familles ne peuvent garder leurs enfants, il y a les jardins d’enfants, les institutions frœbeliennes, qui ont plus souci du corps que de l’esprit, du développement physique que d’une instruction prématurée et dangereuse. Laisser l’enfant s’ébattre le plus longtemps possible et reculer d’un an l’âge scolaire, c’est rendre service aux enfants et aux maîtres, par conséquent aux familles et à la patrie.

La protection des animaux. — La Badische Schulzeitung exprime le vœu que les instituteurs deviennent des membres actifs des sociétés protectrices des animaux, et cherchent à y intéresser leurs élèves. L’étude de la nature, botanique et zoologie, n’a pas seulement pour objet d’instruire les élèves, de leur farcir la mémoire de noms et de nomenclatures, de descriptions et de formes ; elle doit, comme l’école tout entière, contribuer à l’éducation.

C’est élever, former, civiliser les enfants, que de leur donner le goût des fleurs, des plantes, de leur inspirer de l’intérêt et de la sympathie pour les animaux. Mieux connaître les bêtes, s’intéresser à leur organisation, à leurs mœurs, se rendre compte des droits qu’a leur faiblesse à notre protection, apprendre à se respecter soi-même en n’abusant pas de sa force, de son impunité pour maltraiter, torturer des êtres vivants, livrés sans résistance à notre arbitraire : c’est progresser, c’est monter, c’est valoir mieux.

Il y a sans doute des lois de protection des animaux en Allemagne (comme en France la loi Grammont) ; mais quelle multitude d’actes de dureté et de cruauté la loi ne peut pas atteindre !

En dehors des sévices qui peuvent être constatés sur la grande route, il y a les cruautés envers les animaux domestiques dans la ferme, envers les animaux inoffensifs, envers les oiseaux, etc. Là, c’est par l’enfant, c’est par l’école, c’est par l’affiliation avec les sociétés protectrices, c’est par une inspiration de cœur qu’on peut agir. L’enfant affilié par son maître à une société, ayant entendu ou lu des rapports, des récits, ayant conscience de faire partie d’une œuvre de protection, non seulement s’abstiendra d’actes répréhensibles, mais agira, tant par l’exemple que par la persuasion, sur son entourage, sur ses camarades, sur ses frères et sœurs, sur ses parents. Des mœurs plus douces, plus louables s’introduiront ainsi dans les campagnes.

Déjà l’Allemagne compte 180 sociétés de protection des animaux ; beaucoup d’instituteurs en font partie. Ces sociétés agissent par des journaux, des brochures, des pétitions, des conférences, des livres pour la jeunesse. Elles n’atteindront réellement leur but que lorsqu’elles auront gagné l’école et par elle l’enfance.