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REVUE PÉDAGOGIQUE

expression s’applique-telle spécialement au travail manuel des écoles de garçons. C’est le seul dont nous nous occuperons ici, ayant parlé précédemment du travail manuel dans les écoles de filles.

Bien que recommandé depuis longtemps par les pédagogues les plus éminents, l’enseignement du travail manuel n’existe encore officiellement ni dans les écoles normales, ni dans les écoles primaires de l’Allemagne. Les quelques essais qui ont été tentés sont dus à l’initiative privée. Les instituteurs reconnaissent cependant, en général, l’utilité de cet enseignement.

« L’enseignement du travail manuel, disent-ils, est propre à compléter harmoniquement l’éducation des garçons… Il donne essor au besoin inné qu’a l’enfant de construire, de créer… S’appuyant sans cesse sur l’intuition, il excite l’intérêt et augmente ainsi le désir d’apprendre… Dans les écoles populaires et dans les écoles supérieures, il vient en aide à l’enseignement des mathématiques, de la géographie, de la physique, par la préparation des moyens d’intuition… Il rend les enfants plus habiles en exerçant l’œil et la main et en perfectionnant le coup d’œil pratique… Il contribue à l’éducation du caractère ; il entretient la santé et fortifie le corps… Dans les internats, le travail manuel est indispensable… C’est aux instituteurs seuls qu’il appartient de donner cet enseignement. » (Elberfeld, 1882.)

Le travail manuel n’est donc pas, comme quelques-uns l’ont dit, une surcharge inutile des programmes ; c’est un enseignement d’une utilité incontestable pour tous les hommes, quelle que soit leur condition sociale. La France a le mérite, non seulement d’avoir inscrit le travail manuel dans le programme de ses écoles primaires, mais d’avoir pris immédiatement les mesures propres à assurer l’exécution de la loi.

V

Il ne faudrait pas chercher dans cette étude un ensemble complet de doctrines pédagogiques, caractère qu’elle ne peut avoir, en raison de l’origine des documents employés. Elle ne contient d’ailleurs qu’une faible partie des sujets traités dans les conférences allemandes ; certaines questions spéciales, hygiène scolaire, caisses d’épargne, cours d’adultes, etc., ont dû être négligées. Tout incomplet qu’est ce travail, nous croyons cependant pouvoir en tirer quelques conclusions.

L’élan donné précédemment en Allemagne à l’étude des questions pédagogiques ne se ralentit pas. Les instituteurs sont bien convaincus de l’importance de leur mission, et ils cherchent, par la discussion libre et éclairée, les moyens de la remplir pour le plus grand bien de leur nation.

Il y a longtemps déjà que les pédagogues ont demandé que l’école s’occupât surtout de l’éducation de l’enfant. C’est encore aujourd’hui la préoccupation constante des instituteurs allemands. Ils veulent