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REVUE PÉDAGOGIQUE

Mais dans son œuvre éducative, l’école ne doit pas compter que sur elle-même et sur l’action qu’elle exerce directement sur l’enfant ; elle peut aussi avoir sur lui une influence considérable par l’intermédiaire de la famille. « Il n’est point de mauvais système d’éducation, dit M. Gréard, qui ne s’améliore par l’intervention de la famille, point de bon qui n’ait à y gagner. » Cette influence est plus grande encore dans l’enseignement primaire que dans l’enseignement secondaire, puisque là elle s’exerce tous les jours, sans autre interruption que les quelques heures de classe de la journée. —L’instituteur obtiendra rarement des résultats sérieux et durables s’il n’est pas secondé par les parents ; son action sera toujours inefficace si son autorité, le respect qui lui est dû, sont battus en brèche dans la maison paternelle. Les instituteurs, dans leurs conférences, n’ont pas négligé cette partie si importante de l’éducation ; ils ont cherché les moyens de s’assurer le concours des familles.

« La famille, disent-ils, ne prend pas encore suffisamment intérêt à la prospérité de l’école primaire ; le devoir de l’instituteur est donc d’exciter cet intérêt. Les moyens qui sont à sa disposition consistent à envoyer des notes écrites sur le travail et la conduite des élèves ; … à attirer les parents aux examens scolaires ; … à faire des conférences sur l’éducation dans les assemblées publiques ; … à déposer des journaux pédagogiques dans les lieux publics. » (Königsselt, 1879). — « L’instituteur excitera l’intérêt des parents pour l’école par les examens scolaires publics ; par la célébration des jours patriotiques mémorables ; en exposant publiquement les travaux de ses élèves et en se mettant lui-même en relation avec les parents. » (Province de Westphalie, 1880.)

On sait qu’en Allemagne, tous les élèves des écoles sont soumis, une ou deux fois par an, à des examens publics sur les matières étudiées dans l’année ; ces examens ont lieu sous la présidence de l’inspecteur local (ordinairement le pasteur) et en présence des parents[1]. Ces espèces d’exhibitions auraient l’avantage, d’après les instituteurs allemands, non seulement de permettre aux familles d’apprécier le zèle et le savoir du maître ainsi que les progrès des élèves, mais aussi et surtout d’exciter l’intérêt des parents pour l’école. Nous ne croyons pas cependant que, sous ce rapport, nous ayons rien à emprunter à nos voisins. Il est trop facile de comprendre combien ces examens publics peuvent être illusoires. Ou l’instituteur formera une élite dans chaque classe en vue de l’examen, et alors il aura manqué à son devoir, qui est de s’occuper également de tous les enfants ; ou bien, s’il interroge publiquement tous les élèves, il humiliera ceux qui sont moins bien doués et il froissera leurs parents.

  1. Faute de salles de classe d’une dimension suffisante, ces examens ont souvent lieu dans les églises.