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CONGRÈS DES INSTITUTEURS DE LA SUISSE ALLEMANDE

un air que les jeunes filles continuent à deux voix. Tantôt ce sont de ces airs populaires qui ont été transportés dans nos recueils (Delcasso, Gautier, etc.), tantôt des canons. Puis viennent les exercices avec les cannes qu’elles élèvent horizontalement, verticalement, en les faisant passer à gauche, à droite, derrière les épaules, mouvements qui obligent les élèves à se tenir droites et à donner de l’air et de l’espace aux organes respiratoires. Les chants à deux voix, exécutés d’une façon ravissante, ajoutent encore à l’harmonie des mouvements et des rondes.

Une autre surprise que nous ménageaient les instituteurs bâlois et qui était à la fois un exercice pédagogique et une véritable fête, c’est le concert donné le lundi soir, à l’église Saint-Martin, par l’élite des élèves des écoles de garçons et de filles. On avait composé le programme de manière à contenter les plus difficiles : des chants choisis dans Mozart, Mendelssohn, Spohr, Beethoven, Nägeli, alternaient avec les airs populaires, et furent entrecoupés a deux reprises par des morceaux joués par les jeunes élèves de l’école de musique de la ville. Tous ces chants à deux ou trois voix ont été dits avec une précision, une fraîcheur et une pureté vraiment remarquables : la prononciation était claire, les nuances ont été observées avec une délicatesse infinie.

Un banquet réunit le mardi les membres du congrès au allemand, et, comme à tous les banquets suisses, les toasts furent nombreux et variés. Le premier, suivant une touchante tradition, est porté « À la Patrie » par le président M. Burckhardt. Il est écouté avec recueillement ; dès que l’orateur a cessé de parler, l’assemblée chante l’hymne Rufst du, mein Vaterland avec un enthousiasme et une dignité qui frappent vivement l’étranger, et qui montrent combien est vivace et enraciné ce culte de la patrie résumé dans les accords du chant national.

Les chants alternent avec les toasts tout le long du dîner. Parmi ces derniers nous relevons celui du conseiller fédéral Sehenck, à la future école primaire fédérale, placée sous le contrôle de la Confédération : celui du délégué français, accueilli par les acclamations de toute l’assemblée, à l’amitié des deux républiques sœurs, aux instituteurs suisses ; et enfin celui de M. Hagenbach, professeur à l’université, qui, après avoir comparé les deux congrès de 1869 et 1884 tenus à Bâle, exprime le vœu qu’au prochain congrès qui se tiendra dans cette ville, on voie groupés autour de la même tribune tous les membres du grand corps de l’enseignement, les instituteurs, les professeurs de gymnases et de Realschulen, et les professeurs d’université, pour discuter en commun les questions d’enseignement et d’éducation, et unir leurs efforts vers le même but, qui est l’éducation du peuple suisse.