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LA PRESSE ET LES LIVRES

rogé que sur des programmes parfaitement déterminés. Les programmes ont été organisés de manière à éviter une trop grande spécialisation des professeurs, mais aussi de manière à leur permettre d’aller assez avant dans la science qu’ils ont embrassée.

Les réformes opérées dans la préparation du personnel enseignant, jointes à l’accroissement du nombre des élèves, ont eu pour résultat de diviser entre plusieurs maîtres l’enseignement d’une seule classe. L’emploi de professeurs spéciaux pour les différentes matières ne pouvait être en soi qu’avantageux. Nul en effet n’est mieux en mesure de pénétrer facilement les élèves des principes d’une science que celui qui connaît à fond cette science. L’expérience prouve que les maîtres les plus savants sont en même temps ceux qui peuvent enseigner le plus de choses à leurs élèves en exigeant d’eux le moins de travail.

Cette organisation renferme pourtant un danger de surcharge de travail pour les élèves. Chaque maître, désireux de faire entrer ses élèves le plus avant possible dans la science qu’il enseigne, est tenté de ne tenir aucun compte du travail que leur donnent les autres cours. De nombreuses précautions ont été prises contre ce danger. On a organisé des conférences entre les maîtres de la même classe, on a ordonné de rédiger au début de chaque semestre un plan général d’études pour chaque classe, etc.

Ces moyens peuvent réussir dans les écoles de médiocre importance, où l’accord est facile à obtenir entre les professeurs et le directeur. Là où il y a beaucoup d’élèves, beaucoup de classes, le directeur est trop affairé et les professeurs trop séparés pour qu’on puisse espérer de remédier réellement au mal signalé.

Le rapport insiste sur cette idée fort juste qu’en général ce ne sont pas les bons professeurs qui accablent leurs élèves. L’accroissement considérable et rapide des écoliers a obligé à dédoubler les classes, à nommer hâtivement des professeurs qui n’avaient pas l’expérience et la maturité voulues. Beaucoup ont été nommés avant même d’avoir fait l’année réglementaire de stage.

« On comprend, dit le rapport, que de pareilles circonstances doivent être pour beaucoup dans la surcharge des élèves en tant qu’elle provient d’un emploi insuffisant des heures de classe et d’une répartition défectueuse ou de la trop grande difficulté des devoirs. On a pu observer que la surcharge est moins considérable et moins fréquente dans les établissements où l’on a usé de plus de circonspection, et où moins de maîtres non diplômés sont employés comme auxiliaires.

» Il faut cependant reconnaître que l’établissement d’une année de stage ne suffit pas à remédier aux inconvénients qui résultent de l’inexpérience des professeurs. Le ministre de l’instruction publique a déjà soumis à la représentation nationale le projet d’organisation d’un second examen portant exclusivement sur les aptitudes pratiques des professeurs. Le but n’est pas, comme on l’a cru de divers côtés,