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REVUE PÉDAGOGIQUE

spacieuse, et une armoire suffisante où il met ses papiers, ses livres, ses dessins, ses ustensiles de travail. Cette distribution des salles d’étude rend bien commode à chaque élève l’usage des heures qu’on laisse à sa pleine et entière discrétion, et cette liberté absolue de certains après-midi est bien propre à assouplir de jeunes cerveaux, à y verser la gaieté intellectuelle, à leur faire sentir le prix et le bonheur du travail volontaire et solitaire. En cette conjoncture encore, nos lecteurs remarqueront combien en Allemagne la rigidité, même militaire, sait à l’occasion se plier et se détendre, combien il arrive souvent que la ponctualité, imposée par des règlements, laisse des échappées salutaires à l’initiative et à la fantaisie individuelles…

» Nul subalterne, feldwebel ou adjudant sous-officier, n’a autorité sur les élèves. Officiers seront ceux-ci ; c’est à des officiers seuls qu’on réserve la tâche délicate de faire naître en eux et de développer le sentiment de l’honneur et de la vertu militaire. Le baron von L… m’explique encore tout cela, au moment où je prends congé de lui sur la pelouse. Je m’éloigne charmé de tout ce que j’ai vu et en même temps un peu triste. Je vois toujours ce gentleman qui est de vieille noblesse silésienne, qui a assisté aux batailles de Metz et de la Loire, qui a l’expérience du monde et celle de la guerre, et qui, dans la force de l’âge et dans la maturité de son intelligence, s’emploie si simplement, si doucement, si modestement, à diriger des enfants, à apaiser leurs disputes, à former leur moral ; et en même temps j’évoque l’image du « maître d’études » qui dans nos lycées remplit la même fonction que le capitaine baron von L… à Oranienstein. ».

La dernière statistique de l’enseignement primaire, par M. F. Gibon (Le Correspondant, n° du 25 août). — Nous avons donné, dans notre dernier numéro, Je rapport de M. le ministre de l’instruction publique placé en tête de cette statistique. À ceux qui jugeraient les conclusions de ce rapport trop optimistes et trop facilement satisfaites, voici de quoi se mettre l’esprit en paix. Ils trouveront dans l’article de M. Gibon de quoi se convaincre des conséquences réelles de celte « trilogie maçonnique », la gratuité, l’obligation et la laïcité, « qui, dans l’ordre de l’enseignement national, prépare autant de ravages qu’en ont apportés à la patrie les faux dogmes révolutionnaires ».

Ainsi, M. le ministre se félicite de voir augmenter le nombre des élèves inscrits dans les écoles primaires et constate, d’accord avec la commission, « que le nombre des enfants entièrement privés d’instruction est maintenant très peu considérable, et sensiblement moindre en 1882 qu’en 1877. » Mais, vous dit M. Gibon, « tous ces chiffres ne démontrent nullement le degré d’instruction, le progrès intellectuel des enfants. » Et il ajoute : « La statistique qui nous occupe ne nous fournit pas les éléments de ces singu-