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L’ÉCOLE NORMALE DE KUSNACHT

Le mouvement réactionnaire de 1839, qui renversa le gouvernement libéral, faillit emporter l’école. Elle fut réorganisée en 1840, et cette fois sous la forme d’internat. Le directeur fut remplacé. L’enseignement religieux devint la base de toute l’éducation : on lui fit une place beaucoup plus considérable, et on diminua d’autant les programmes de l’enseignement scientifique ; la pédagogie prit un caractère exclusivement pratique ; la littérature allemande et l’enseignement du français devinrent facultatifs ; l’horticulture fat ajoutée au programme.

Cette situation dura aussi longtemps que la réaction politique qui l’avait provoquée. Peu à peu, toutefois, l’internat d’obligatoire devint facultatif. Il n’y avait d’ailleurs que 72 places, et l’école devait recevoir souvent jusqu’à cent élèves pour pourvoir au recrutement. À partir de 1868, les élèves de 1re et de 2e année furent seuls internes, les deux autres divisions logeaient au dehors. Enfin, depuis la nomination du directeur actuel, le Dr Wettstein (1875), l’internat fut complètement supprimé. Les chambres des élèves ont été transformées en classes, salles de dessin, et salles de collections.

Depuis la même époque l’école normale reçoit également des aspirantes-institutrices ; mais le nombre d’élèves-maîtresses n’a jamais dépassé 45. En ce moment il n’y en a que 5 en 4e année, 1 en 3e année, 1 en 1re année. Le nombre des institutrices est très restreint en Suisse, et elles peuvent d’ailleurs se préparer soit dans l’école normale d’institutrices municipale de Zurich, soit dans un autre canton. Si quelques-unes préfèrent Küsnacht, c’est qu’elles y ont droit aux mêmes bourses que les élèves-maîtres.

Ce caractère mixte d’une école normale surprend le visiteur français, qui est habitué aux écoles spéciales, même pour les enfants des écoles primaires. En Suisse, les habitudes sont toutes différentes : la séparation systématique des sexes est considérée comme présentant plus d’inconvénients que d’avantages, et, de fait, on n’a jamais eu à constater à l’école de Küsnacht que la tenue des élèves des deux sexes ne fût pas parfaitement convenable. Il convient d’ailleurs de rappeler que, dans le canton de Zurich, l’instruction est obligatoire de 6 à 15 ans, et que l’immense majorité des écoles primaires sont mixtes ; les enfants ne font