Page:Revue pédagogique, second semestre, 1883.djvu/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
351
CORRESPONDANCE ET COMMUNICATIONS

mañnière peu fructueuse. En raison du brevet élémentaire dont ils sont pourvus, ils sont toutefois maintenus sur la liste de seconde année. Convaincus de l’inutilité de leurs efforts, la plupart se découragent et ne font que se traîner péniblement à la suite de leurs camarades. À la fin de la troisième année, ils n’emportent de l’école que des connaissances aussi vagues que mal digérées et qu’ils ne sauront pas entretenir. Pour conserver et compléter les notions acquises, l’intelligence a besoin de s’appuyer sur une base solide. En somme, pour les élèves mal doués, les deux dernières années d’études de l’école normale ne sont que de bien peu d’utilité.

Voici un projet qui, à mon avis, pourrait, dans une certaine mesure, porter remède à une situation qui me paraît absolument regrettable :

1° Admettre en première année un nombre d’élèves égal à celui des deux autres années ;

2° Éliminer à la fin de la première année les élèves qui auraient échoué au brevet élémentaire ou qui seraient reconnus incapables d’arriver au brevet supérieur ;

3° Modifier le programme de première année de manière à embrasser toutes les matières du programme des écoles primaires et à faire de cette année d’études comme une période d’initiation aux études des deux dernières années en même temps que de préparation à l’enseignement des écoles primaires.

4° Les élèves de troisième année seraient complètement externes. Pour cette année d’externat, des bourses d’entretien pourraient être mises au concours.

Des avantages incontestables résulteraient de cette organisation.

Un plus grand nombre d’instituteurs passeraient par l’école normale et y acquerraient, grâce à la discipline et aux études, les qualités qui font le bon maître et les connaissances indispensables pour l’enseignement des matières qui composent le programme actuel des écoles primaires.

Les élèves reconnus incapables d’arriver au brevet supérieur ne tiendraient plus à l’école normale la place de jeunes gens qui pourraient tirer un meilleur parti du séjour qu’ils y feraient.

Les élèves admis à passer en seconde et en troisième année ne seraient plus retardés par leurs camarades mal doués ou peu laborieux, et il en résulterait une élévation du niveau des études.

La liberté laissée aux élèves de troisième année permettrait d’apprécier plus facilement leur valeur morale.

Je ne me dissimule pas que de graves objections pourraient être faites à ce projet. On me dira : Déjà on recrute difficilement le chiffre actuel des élèves de première année ; comment en trouver un nombre double ?

Je pense que cette difficulté disparaîtrait le jour où, comme l’a demandé le dernier congrès, on élèverait le niveau du brevet élé-