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L’INSTRUCTION PRIMAIRE EN CORSE

cru bien faire de doter une de ses écoles de cet endroit qui nous semble indispensable ; à son voyage suivant il trouva que l’instituteur l’avait utilisé pour y placer ses poules.

Qu’on ne croie pas que la situation soit mauvaise seulement aux villages ; elle n’est guère autre dans les villes. Je ferai exception pour l’école des garçons de Bastia : elle a été bâtie par les congréganistes qui l’occupent. Aux plaintes de l’inspection les municipalités répondent : « Nous n’avons pas trouvé ; cherchez à votre tour ; voyez si vous serez plus heureux que nous » ; et il faut que l’inspection cherche, négocie, traite, se substitue enfin aux municipalités : ce qui me semble peu correct et pourrait amener des embarras de plus d’une sorte.

Les mobiliers, comme on pense, ne valent pas mieux que les locaux ; ils sont vieux, grossiers, incommodes et surtout insuffisants. Que d’enfants assis sur de simples bancs ou sur le bord de l’estrade du maître ou encore par terre ! À Bastia, dans des locaux trop étroits, il y a de ces énormes tables doubles avec pupitres, qui ont pu avoir leur raison d’être dans une étude, mais qui ne sauraient convenir dans une classe : où qu’elle se mette pour enseigner, la maîtresse parlera toujours au dos de la moitié de ses élèves, tandis que celles-ci pourront à leur aise faire la grimace à leurs compagnes placées en face d’elles. D’où vient ce mobilier ? pour qui a-t-il été commandé ? comment a-t-il échoué là où il ne devrait pas être ? Il est vrai que la ville a obéré ses finances à bâtir un théâtre monumental.

En ce moment même, d’énergiques efforts sont faits pour corriger ce triste état de choses ; le mouvement ne date pas encore d’assez loin pour que les résultats en soient sensibles, c’est-à-dire pour qu’ils frappent les yeux sous forme de constructions achevées. Mais nombre de projets ont été étudiés, dressés. Le Conseil général a voté 200,000 francs pour réfection et amélioration du mobilier. L’impulsion est donnée ; il importe qu’elle ne se ralentisse point ; car, il faut bien le dire, ce qui a été commencé et mis en train est peu de chose comparativement à ce qui reste à faire. D’ailleurs chez ces populations méridionales qui vivent beaucoup dehors, qui ont en abondance l’air et la lumière, il y a toujours, quoi qu’on fasse, pour toutes ces questions d’installation intérieure, un fond d’apathie qu’on ne remuera