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REVUE PÉDAGOGIQUE

cette recherche acheva de le familiariser avec les questions d’enseignement primaire. Les instituteurs qui l’ont entendu à la Sorbonne en août 1818 se rappelleront avec quelle rigueur minutieuse et avec quelle richesse d’observations il leur exposait les derniers résultats jusqu’alors obtenus dans la construction du matériel scolaire.

À la même époque M. de Bagnaux avait pris à cœur deux autres idées auxquelles il donna, comme : il savait le faire, sans compter, son temps, son zèle et le puissant appui de sa compétence. Il s’agissait, d’une part, de créer un Musée pédagogique, de l’autre, de constituer une nouvelle société d’études pédagogiques qui entreprendrait la publication d’une Revue spéciale destinée à entretenir le goût de ces études et à en élever le niveau. Ces deux projets devaient se réaliser quelque temps plus tard, et les archives du Musée attesteront la part qu’y prit notre ami. Aussi sa place était-elle marquée d’avance et dans le Conseil d’administration du Musée et dans le Comité de rédaction de la Revue où nous écrivons ces lignes.

Hélas ! pouvions-nous nous attendre à la voir sitôt vide, cette place qu’il remplissait si dignement et dans ces deux commissions, ct dans celle de l’école de Fontenay dont il fut aussi un des fondateurs, et dans toutes les autres, où M. Jules Ferry l’avait appelé comme un ouvrier de la première heure ! Menacé, averti par une maladie impitoyable, sans illusion sur l’issue prochaine ou lointaine de la crise, il fut pour sa mort ce qu’il avait été pour toute sa vie, absolument oublieux de lui-même. Ce n’est pas sans un douloureux serrement de cœur que ses amis, pour le conduire à sa dernière demeure, ont été obligés de passer avec lui par l’église, sa famille ayant cru pouvoir disposer ainsi d’un corps inanimé qu’à défaut d’autre défense toute sa vie publique et l’unanime témoignage de tous ceux qui l’ont connu auraient dû protéger contre ce mensonge, le seul auquel son nom aura jamais été associé. Qu’importe ? Le souvenir de cet homme de bien n’en reste pas moins pur ni moins vénéré : il nous a laissé à tous un de ces exemples qui ne s’effacent pas, il a été un des plus excellents parmi ces hommes qui résolument et sans hésitation préfèrent l’obscurité à la renommée, qui savent vivre et mourir satisfaits d’avoir combattu le