Page:Revue pédagogique, second semestre, 1882.djvu/530

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
522
REVUE PÉDAGOGIQUE

Saint-Cyr, l’enseignement est plus ferme et mieux équilibré[1]. La cosmographie et la botanique usuelle font pendant à la géographie et à l’histoire. Napoléon avait mis la main aux programmes, une main un peu rude, mais sûre en plus d’un point[2] ; et les principes une fois posés, il avait laissé Mme Cam-

  1. « Le but de ces éducations, écrivait Mme Campan à l’empereur, doit être porté : 1o vers les vertus domestiques ; 2o vers l’enseignement, à un tel degré de perfection, pour la connaissance de la langue, des calculs, de l’histoire, de l’écriture, de la géographie, que toutes les élèves soient assurées du bonheur de pouvoir instruire elles-mêmes leurs filles. L’éducation publique pour les femmes finira par devenir l’éducation maternelle. » (Lettre inédite du 20 octobre 1809) — L’histoire embrassait l’histoire sainte et l’histoire profane ; à l’étude de la langue française était jointe celle de l’anglais et de l’italien ; au calcul, le grand-chancelier de Lacépède avait ajouté (7 avril 1803) le système décimal et la nomenclature des nouveaux poids et mesures, qu’on commençait à peine à enseigner dans les collèges ; la géographie mathématique faisait partie de la géographie. Le programme comprenait enfin les arts d’agrément : dessin, peinture, musique, danse.
  2. Voici comment Napoléon avait jeté, en quelque sorte, les bases du programme d’Écouen : « L’emploi et la distribution du temps, écrivait-il de Finkenstein au grand-chancelier (15 mai 1809), sont des objets qui exigent principalement votre attention… Je n’ai attaché qu’une importance médiocre aux institutions religieuses de Fontainebleau (école militaire), etje n’ai prescrit que tout juste ce qu’il fallait pour les lycées. C’est tout le contraire pour l’institution d’Écouen. Il faut que les élèves fassent chaque jour des prières régulières, entendent la messe et recoivent des leçons sur le catéchisme. Cette partie de l’éducation est celle qui doit être la plus soignée. Il faut ensuite apprendre aux élèves à chiffrer, à écrire, les principes de leur langue, afin qu’elles sachent l’orthographe. Il faut leur apprendre un peu de géographie et d’histoire, mais bien se garder de leur montrer ni le latin, ni aucune langue étrangère. On peut enseigner aux plus âgées un peu de botanique et leur faire un léger cours de physique et d’histoire naturelle, et encore tout cela peut-il avoir des inconvénients. Il faut se borner, en physique, à ce qui est nécessaire pour prévenir une crasse ignorance et une stupide superstition, et s’en tenir aux faits, sans raisonnements, qui tiennent directement ou indirectement aux causes premières. On examinera s’il serait possible de donner à celles qui sont parvenues à une certaine classe une masse pour leur habillement. Elles pourraient s’accoutumer à l’économie, à calculer la valeur des choses et à compter avec elles-mêmes. Mais, en général, il faut les occuper toutes, pendant les trois quarts de la journée, à des ouvrages manuels : elles doivent savoir faire des bas, des chemises, des broderies, enfin toute espèce d’ouvrage de femme… Je ne sais s’il y a possibilité de leur montrer un peu de médecine et de pharmacie, du moins de cette espèce de médecine qui est du ressort d’une garde-malade. Il serait bon aussi qu’elles sussent un peu de cette partie de la cuisine qu’on appelle l’office. Je n’oserais plus, comme j’ai essayé pour Fontainebleau, prétendre leur faire faire la cuisine ; j’aurais trop de monde contre moi ; mais on peut leur faire préparer leur dessert, et ce qu’on voudrait leur donner, soit pour leur goûter, soit pour leurs jours de récréation. Je les dispense de la cuisine, mais non pas de faire elles-mêmes leur pain.