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REVUE PÉDAGOGIQUE

et plus sûr : Port-Royal et Fénelon occupent le premier rang avec Locke et Rollin ; viennent ensuite Mme de Maintenon et Mme de Lambert, qui avaient bien des droits à ce témoignage. Les interprètes de la religion sont pris en dehors de tout esprit de système : on s’en rapporte à Fénelon (De l’existence de Dieu), à Duguet (l’Ouvrage des six jours), à Fleury (les Mœurs des Israélites et les Mœurs des Chrétiens), à Bossuet (le Catéchisme sur les Fêtes). Des auteurs contemporains, rien ou peu de chose : avec Duclos, d’Alembert seul est cité pour ses Mélanges de Littérature et de philosophie, entre Saint-Lambert et Thomson. Le catalogue est plus libéral pour les étrangers. Les poèmes de Gessner sont mentionnés à côté des fables de La Fontaine ; deux recueils du temps, le Spectateur Français et le Spectateur Anglais, sont signalés concurremment. Enfin on autorise les œuvres romanesques que les pédagogues du dix-septième siècle proscrivaient avec tant de sévérité, — « le bonheur des femmes n’ayant rien de plus contraire qu’une imagination vive et trop allumée[1], » — pourvu que le roman repose sur un fond historique. Cette sorte de bibliothèque scolaire des jeunes filles, un peu naïvement composée sans doute, et déjà si vaste, si on la compare à celle qu’acceptaient les premiers champions de l’éducation des femmes, était encore complétée, dans la suite, par la Bibliothèque des Dames. Destinée à soutenir et à parfaire les premières études, la Bibliothèque des Dames[2] ne comprenait pas moins de dix séries ou classes d’ouvrages : voyages, histoire, belles-lettres, théâtre, romans, morale, mathématiques, physique, astronomie, histoire naturelle, beaux-arts. Rien n’y est omis de ce qui peut contribuer au développement ou à l’ornement de l’esprit. Il ne s’agit plus des éléments d’une instruction générale. En même temps que la culture littéraire est l’objet des perfectionnements les plus délicats, l’étude des sciences est poussée à un degré d’élévation et d’étendue où, à cette époque assurément, il n’était pas donné à tous les hommes d’atteindre. Certains traités sont signés des noms de Parmentier et de Fourcroy.

Nous touchons aux dangers de l’éducation encyclopédique.

  1. Mme de Lambert, Avis d’une mère à sa fille
  2. Voir plus haut, p. 507.