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EXAMENS DU PROFESSORAT DES ÉCOLES NORMALES

comme si ce n’était pas chose de plus longue acquisition. Ce que nous demandons, ce n’est pas tant une science qu’un sens, le sens littéraire : or, ce sens ne s’acquiert et ne se développe qu’avec le temps, un certain temps du moins, un régime suivi, une culture patiente, le commerce journalier des meilleurs écrivains, des lectures toujours accompagnées de réflexions, l’exercice du jugement, l’habitude d’avoir une opinion à soi ou de justifier celle des autres. Telle est la voie où nous voudrions voir entrer nos candidats ; et le bon vouloir, la vaillance au travail dont ils ont déjà donné des preuves manifestes sont garants qu’ils y entreront.

Convaincue que l’avenir lui réserve mieux que ne lui offre Je présent, la Commission a restreint sa liste à onze noms.

Permettez-moi, monsieur le Ministre, de vous faire remarquer que l’explication d’une page d’auteur français ne figure pas dans l’arrêté qui a fixé les conditions de cet examen : introduite dès l’origine à titre d’essai dans la pratique, elle s’y est maintenue ; nous l’avons trouvée établie et comme consacrée par les précédentes et nous n’avons eu garde d’y toucher ; mais, en somme, elle n’est qu’une sorte d’annexe de la correction du devoir, comme un complément d’information : ses résultats ne sont pas consignés dans une note particulière. Maintenant que l’expérience a prononcé, ne conviendrait-il pas que cette situation fût régularisée ? La Commission émet le vœu que la lecture expliquée prenne officiellement place parmi les épreuves ; elle durerait vingt minutes ; elle serait précédée d’une préparation d’une demi-heure : lui accorder plus, ce serait retomber dans les inconvénients de la leçon, c’est-à-dire de la forme trop étudiée et trop arrêtée qui Ôte toute spontanéité à la parole et même à la pensée. Elle donnerait lieu, comme les autres épreuves, à une note distincte qui concourrait au total définitif et partant y ferait sentir son influence. Ainsi serait rompu, il est vrai, l’équilibre actuel des deux parties de l’examen, écrite et orale, chacune d’elles étant représentée également par deux notes ; mais à cela même je ne verrais qu’avantage : ne serait-il pas plus logique, en effet, que dans un examen qui a pour objet de rechercher l’aptitude du professeur, de celui qui enseigne par la parole, la partie orale l’emportât sur la partie écrite, celle-ci