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du style. Ces mêmes défauts s’accusaient plus fortement dans le sujet de méthode : n’étant plus soutenue par les faits, la pensée vacillait ; elle manquait de précision et de suite ; les opinions étaient souvent empreintes d’exagération, la langue négligée ou emphatique. Il a semblé à la Commission qu’un certain nombre de candidats avaient abordé avec trop de précipitation, sans s’y être suffisamment préparés, des épreuves qui sont très sérieuses ; il faudra bien cependant qu’on s’habitue à les regarder comme telles.

Cette justice doit être rendue aux aspirants que dans l’épreuve de la leçon ils ont parlé ; quelques-uns, il est vrai, avec une rapidité de débit qu’exagérait encore sans doute l’émotion, d’autres avec une abondance un peu commune et lâche, d’autres enfin avec une aisance ou plutôt une confiance qui dépassait entièrement le but. Certes il est agréable d’entendre quelqu’un parler avec bonne humeur et plaisir ; ce plaisir même est une des marques du professeur, de celui qui aime à exposer, à expliquer sa pensée, à la communiquer, en un mot à enseigner ; mais encore faut-il que ce plaisir ne prenne pas sa source dans un trop facile et trop complaisant contentement de soi-même. Que penser d’un homme qui jusque dans le rôle de candidat ne sait point paraître modeste ? Deux leçons ont été remarquées, l’une sur le caractère d’Auguste dans Cinna, pour la vigueur d’esprit, l’effort personnel dont elle témoignait et pour la fermeté de la parole, l’autre sur les frontières de l’Est de la France, pour la sûreté du savoir et la clarté de l’exposition.

Je n’ai guère plus à louer que précédemment les interrogations qui ont suivi la leçon.

La correction des devoirs ne nous à pas souvent offert les qualités de méthode que nous avions relevées chez les aspirantes, et nous en avons été d’autant plus surpris que la plupart des aspirants, déjà maîtres-adjoints dans les écoles normales, ont dû être préparés par leurs fonctions mêmes à cet exercice. Voici comment il s’est pratiqué presque uniformément : après de très courtes réflexions générales, le candidat commençait à lire la copie, et il allait devant lui, ne s’arrêtant qu’à d’assez rares intervalles pour présenter une observation soit sur la pensée, soit sur le style, selon que le hasard en décidait, puis reprenant