Page:Revue pédagogique, second semestre, 1882.djvu/117

Cette page n’a pas encore été corrigée
109
DE L’USAGE ET DE L’ABUS DE LA PÉDAGOGIE

les choses principales et en négligeant résolument les choses secondaires ; en évitant l’excès des détails, les questions subtiles où curieuses, bref tout ce qui, même utile et intéressant, dépasse la capacité moyenne d’assimilation, tout ce qui peut être impunément remis à un âge plus mûr et à l’étude personnelle.

Ces précautions, mais plus attentives encore et plus assidues, paraîtront particulièrement opportunes dans l’éducation pédagogique des institutrices. Avec les nouvelles institutions scolaires, où la femme va prendre la grande place qui lui revient de droit, avec les nouveaux programmes, rien n’importe plus à la santé physique et au bon équilibre mental des jeunes maîtresses primaires que d’éviter l’encombrement des connaissances et lu tension excessive de l’esprit.

Un autre vœu, qui ne trouvera pas, en théorie, de contradicteurs, mais qu’il est malaisé de faire passer effectivement dans nos mœurs scolaires : c’est que nos études de pédagogie soient de plus en plus marquées du caractère pratique. Par où il ne faut pas entendre un caractère d’utilité prochaine et de profit calculable : mais que l’étude soit toujours orientée vers la vie, vers la vie réelle et séculière, avec ses besoins supérieurs ou vulgaires, intimes ou d’action extérieure, individuels, domestiques, sociaux. Que les jeunes maîtres soient habitués à ne jamais perdre terre, à ne pas s’oublier dans les formules, à ne pas confondre le mécanisme logique des méthodes avec leur esprit même, à prendre toujours pied dans la réalité des choses du dehors et du dedans, dans la nature humaine, dans le caractère national, dans l’état politique, moral, économique de la société dont ils sont membres. Qu’ils aient toujours hâte de descendre des idées générales aux faits particuliers ; des formules abstraites, qui sont inévitables et salutaires en tout enseignement, aux exemples qui les traduisent et les confirment ; qu’ils fassent suivre habituellement les mots savants et surtout les mots philosophiques de la paraphrase, en langue vulgaire.

Dans l’enseignement proprement dit de la pédagogie, on ne leur laissera pas oublier un seul jour que s’ils apprennent, c’est, en quelque sorte, pour pratiquer plus tard eux-mêmes sur le vif de la nature humaine, et nullement pour spéculer en dilettantes. Psychologie, morale, physiologie, c’est en vue de