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REVUE PÉDAGOGIQUE

Si tout cela est vrai, on ne s’en tiendra pas, redisons-le, à des professions de foi théoriques et en quelque sorte idéalistes ; on n’aura garde d’oublier que telle fin commande tels moyens ; qu’il y a en effet des moyens pour susciter la santé comme pour l’entretenir ; qu’il y a une hygiène spirituelle comme il v a une hygiène du corps ; que certaines habitudes, certaines règles, loin d’être incompatibles avec la force libre, avec l’initiative personnelle, ne sont, pour ainsi parler. que de la force, de la liberté, de la santé emmagasinées. Voir en pleine lumière le principe supérieur de l'éducation physique, intellectuelle, morale ; ne le jamais perdre de vue au milieu de l’encombrement des leçons ; lui faire sans balancer Îles sacrifices quotidiens nécessaires ;, le réaliser peu à peu dans des habitudes libérales et fortifiantes, devenues pour l’enfant ou le jeune homme une seconde nature, c’est ainsi, personne n’en doute, que la pédagogie justifierait ses prétentions et conquerrait sa place au soleil.

Mais un dessein de si longue haleine et si laborieux demande à la fois qu’on y « perde du temps », beaucoup de temps, et que l’esprit des maîtres et des élèves reste toujours alerte et dégagé. Il demande en particulier que le dialogue, la conversation, à la fois libre et dirigée, devienne un instrument d’usage quotidien à l’égal de la leçon didactique. Comment concilier de telles conditions avec les nécessités d’un enseignement très complexe ? Les programmes sont ce qu’ils sont : excessifs en étendue comme en variété des matières ; mais outre qu’on ne peut songer à les modifier du jour au lendemain, il est à craindre que, l’exemple des peuples voisins aidant, ils ne soient jamais notablement réduits. Que du moins les directeurs d’écoles normales, les inspecteurs chargés de présider aux examens publics, que surtout les inspecteurs généraux investis du plus haut office régulateur, s’appliquent de concert à faire des éclaircies dans l’épais fourré des matières ; que leur mot d’ordre commun soit simplifier, simplifier pour faire pénétrer l’air et la lumière dans l’enseignement et pour donner le loisir aux jeunes esprits de contracter au courant des leçons de chaque jour les habitudes salutaires qui assurent la force et la santé mentales. Qu’ils simplifient de propos délibéré, non seulement à l’aide des méthodes rationnelles et des procédés perfectionnés, mais en appuyant sur