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REVUE PÉDAGOGIQUE.

laquelle deviendra, pour le maître, comme la pierre de touche à l’aide de laquelle il reconnaîtra le bon élève.

Donnons au moins deux fois dans la semaine, le jeudi et le dimanche, par exemple, quelques heures de pleine liberté, pendant lesquelles les écoliers seront absolument maîtres d’eux-mêmes et de la direction de leurs actes. Ne craignons pas que celui qui, pendant quelque temps, se sera laissé tenter par cette liberté, en abuse toujours ; il s’apercevra bientôt lui-même, et sans que nous ayons besoin de le lui faire remarquer, qu’il a gaspillé le temps, chose si précieuse, et qu’il eût pu si utilement employer, soit en travaillant à quelques devoirs en retard, soit en étudiant quelque fait d’histoire dont le souvenir lui aurait échappé, soit encore en écrivant à sa famille une bonne et longue lettre dans laquelle il aurait laissé parler son cœur.

Ainsi nous forcerons les intelligences paresseuses à l’exercice de l’activité, et, en donnant à nos élèves la responsabilité de quelques-unes de leurs actions, nous aurons le droit d’exiger d’eux beaucoup plus, et nous pourrons leur faire comprendre le prix du temps et les bienfaits du travail. Soyons assurés que le brevet n’en souffrira pas. La vieille comparaison de l’arc qui ne peut pas être toujours tendu est vraie ; ajoutons-y qu’il faut que l’arc raisonnable de notre intelligence puisse se détendre parfois à son gré, et non pas seulement sous l’influence d’une volonté étrangère. Ce serait, du reste, bien peu connaître la nature humaine que de croire faire aimer le travail en le rendant. toujours obligatoire ; qu’il soit parfois facultatif, et nous serons un jour tout étonnés, aux heures de liberté, de voir tous nos élèves à l’étude.

Ces heures libres permettront à nos élèves de faire quelques lectures que nous n’autorisons pas en classe,