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La « méthode élémentaire » de Pestalozzi.

La vie de Pestalozzi a beau être mouvementée, elle présente de l’unité. À partir de 1773 (il avait alors 27 ans) jusqu’à sa mort, en 1827, il fut hanté par l’idée qu’il avait à remplir une mission d’éducation populaire. Il voulait être simplement Maître d’école ; mais il faisait du maître d’école un directeur de conscience et l’homme chargé d’élever le niveau spirituel du peuple.

De là ses tentatives répétées pour fonder des écoles, tentatives répétées en dépit des déboires financiers ou moraux : en Argovie, sur son domaine de Neuhof, entre 1773 et 1780, école gratuite pour enfants pauvres ; à Stans, en 1798, école gratuite pour les orphelins de guerre : à Berthoud, de 1799 à 1804, école payante ; à Yverdon, entre 1805 et 1825, école payante, doublée en 1818 d’une école gratuite pour les pauvres. Enfin, chassé d’Yverdon, Pestalozzi installe une école gratuite de nouveau à Neuhof. Et s’il « chôme » près de 20 ans, de 1780 à 1798, il le fait certes involontairement ; n’a-t-il pas, inlassable, offert ses services dans sa patrie et hors de Suisse ?

C’est entre 1793 et 1803 qu’il élabora sa « méthode élémentaire[1] ». Il en jeta les bases philosophiques dans « Mes Recherches sur la marche de la nature dans le développement de l’huma-

  1. Par « méthode élémentaire » il entend rarement « méthode destinée aux cours élémentaires de l’école » ; il veut surtout indiquer que sa méthode est simple, à la portée de tous.