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REVUE PÉDAGOGIQUE

rents individus, étaient très développées et ce développement était en désaccord avec le développement général. Si l’on groupe ces enfants selon leur niveau de développement général, on réunit des enfants aussi différents que possible et on est très loin de la classe homogène. Binet et Simon ont d’ailleurs vu ces différences individuelles dans le même groupe en distinguant différents types de débilité. Ce qu’il y a de commun entre les débiles c’est une certaine lourdeur de l’esprit, un manque d’intérêt pour tout ce qui ne les attire pas particulièrement : ils ressemblent à ce point de vue à beaucoup de professionnels dont l’intérêt est emprisonné dans un certain moule et qui restent fermés à tout ce qui ne concerne pas leur profession. Ils se distinguent de la plupart des enfants qui s’intéressent à beaucoup de choses à la fois, et dont les classes ont un air éveillé, tandis que les classes spéciales ont plutôt cet aspect engourdi qui rend la tâche de l’instituteur si ingrate. On voit que ce n’est pas dans cette voie qu’on pourra réaliser une véritable « école sur mesure », même en allant très loin dans le fractionnement des groupes.

Le système de Berlin en est-il plus proche ? Imposé plutôt par les faits qu’il ne s’impose à eux, il nous met davantage sur la voie de cette réalisation. Étant plus empiristes, ses fondateurs sont moins empressés à se prononcer sur l’état mental de l’enfant et sur son avenir. La création des classes préparatoires en est une preuve. Les « Sammelklassen » sont un autre essai intéressant de ce genre. Mais ce qui a le plus rapproché de la véritable « école sur mesure » c’est l’organisation des classes mobiles. Si une telle « école sur mesure » se réalise, elle le sera dans ce sens-là. Comment peut-on la concevoir autrement si l’on a affaire à un matériel humain si divers et en voie de formation ? Aucune organisation de classes à cloisons étanches, aussi compliquée qu’elle soit, ne nous en approchera. Si l’on peut encore arriver avec ce système à quelques résultats avec les enfants normaux, caractérisés par la souplesse de leur adaptation, il n’en est pas de même avec ces esprits fermés qui ne sont pas une quantité négligeable. Le triage, quoique poussé assez loin dans les deux systèmes, ne se fait, à vrai dire, qu’aux deux pôles : au pôle des arriérés et à celui des très doués. Qu’il ne donne pleine satisfaction ni aux enfants placés soit à l’un, soit à l’autre des deux pôles, tout ce