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L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE SÉLECTIF EN ALLEMAGNE

les classes supérieures ordinaires (à partir de la 5e) des dispositions spéciales sont prises à l’égard des « enfants doués ». Ceux-ci reçoivent un enseignement supplémentaire, surtout de langues vivantes (français et anglais). À la 6e année ces enfants doués passent dans une 7e spéciale, appelée « classe de passage » (Ubergangsklasse) préparatoire aux écoles secondaires et supérieures. À ce moment on opère donc une sélection non plus par en bas, mais par en haut. Les classes d’enfants doués sont mixtes. Dans la 7e année il y avait 25 enfants, 6 garçons et 19 filles, dans la 8e, 20 enfants, 6 garçons et 14 filles. C’est un fait frappant que ce nombre presque triple des filles par rapport aux garçons. Faut-il en conclure que les filles sont plus douées que les garçons ? Ce serait en contradiction avec toute l’expérience humaine et cela ferait rire les antiféministes. Il me semble que le fait pourrait s’expliquer plus simplement par la confusion de deux choses très différentes, l’intelligence et l’application. Comme le triage est fondé sur les progrès accomplis dans les matières enseignées à l’école et qu’on ne sait pas, faute d’un examen psychologique, quelle part revient dans ce progrès à l’intelligence proprement dite et quelle part à l’application, il est possible que la prédominance des filles soit due à leur plus grande application.

Un autre fait frappant c’est la différence dans l’aspect des deux classes parallèles, la classe ordinaire et la classe de perfectionnement, fait qui est tout aussi compréhensible, étant donné qu’on réunit dans une classe des enfants appliqués et doués d’un esprit vif et dans l’autre ceux qui sont parfois turbulents, plus souvent. lents et engourdis, qui peuvent être intelligents, mais qui souvent ne sont pas appliqués.

Si l’on jette un coup d’œil sur le tableau d’ensemble, on voit qu’il y a là une réalisation parfaite des conceptions de Binet sur les différents niveaux de développement chez les enfants, et ce n’est pas sans raison que Sickinger parle avec tant d’admiration de celui qu’il considère comme son unique précurseur. On sait que Binet et Simon distinguent les enfants selon leur niveau de développement. Un enfant d’âge scolaire qui ne sait pas parler a le niveau mental d’un enfant normal de zéro à deux ans, c’est un idiot. Un enfant qui sait communiquer avec les autres et qui ne peut