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L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE SÉLECTIF EN ALLEMAGNE

suivre l’évolution naturelle des aptitudes, indépendamment de l’âge.

Les travaux manuels se font deux fois par semaine pendant deux heures successives. L’école prend alors l’aspect d’un grand atelier. Au degré le plus bas on fait des travaux de modelage. Ils sont très primitifs, étant exécutés par des nains encore très maladroites. Au deuxième degré on fait des travaux aux bâtonnets (Bastelarbeit). Ces travaux permettent des variations et des complications infinies. On y a préparé par exemple un moulin à vent et un autre à eau pouvant être utilisés par la suite pour la leçon d’allemand. Au troisième degré il y a deux stades, le cartonnage et la reliure. On fabrique des objets usuels et les enfants emportent les produits de leur travail. Quatrième degré, découpage. Le modèle est dessiné sur le tableau. Cinquième degré, travaux de menuiserie. On commence par les plus simples et on va jusqu’aux objets compliqués comme des anneaux, etc.

Le calcul s’apprend d’une façon concrète. Chaque école a une boutique où les enfants qui ont déjà quelques notions du nombre apprennent à résoudre des problèmes. En pesant avec trois sortes de poids, grammes, livres et kilogrammes, ils apprennent les quatre opérations arithmétiques.

En ce qui concerne les autres matières : l’allemand, l’histoire, l’enseignement par l’aspect, leur développement est-il plus égal, plus uniforme ? Un coup d’œil jeté sur les différents degrés montre qu’il n’en est pas ainsi. Si l’on réussit encore à faire passer les enfants du degré inférieur de la première à la deuxième classe et jusqu’au degré moyen, ils ne vont très souvent pas plus loin, ce qui fait que par élimination des élèves insuffisants, l’aspect d’une classe du degré supérieur ne diffère pas sensiblement de celui d’une classe ordinaire, d’un degré plus bas peut-être. Comment expliquer cet état de choses ? Il me semble que ces matières. histoire, allemand, etc., qui ne demandent au degré inférieur qu’une mémoire et une association automatique des mots et des phrases et qui n’exigent pas par conséquent des notions précises comme le calcul, illusionnent souvent les instituteurs sur les capacités des élèves. Mais aux degrés supérieurs, où il faut savoir raisonner, toute illusion devient impossible et un grand nombre des élèves s’y trouvent arrêtés. Ainsi on a l’impression