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qui est plus difficile à assimiler. On a pensé que cette nourriture intellectuelle plus légère et le nombre plus petit d’élèves 117 à 24 par classe), qui donnait la possibilité de s’occuper davantage de chacun d’eux, étaient les conditions nécessaires et suffisantes de l’enseignement spécial.

On y a introduit cependant une innovation assez innocente à première vue, mais qui aurait dû dépasser beaucoup, à ce qu’il me semble, les cadres auxquels on l’a restreinte. Elle a surgi, comme toutes les autres, des nécessités de la pratique. On s’était aperçu que des enfants auxquels on pouvait encore apprendre quelque chose aux leçons d’allemand ou d’histoire, étaient parfois incapables d’effectuer un calcul des plus faciles ou d’exécuter un travail manuel des plus simples. Ainsi, en s’adressant à leurs facultés verbales, à leur mémoire des mots et des phrases, on pouvait encore obtenir quelque résultat en les groupant d’après le niveau général de leur âge, tandis que là où il s’agissait de faire des raisonnements précis ou des mouvements de coordination, on se heurtait à des difficultés parfois insurmontables. On a donc eu l’idée de faire la leçon de calcul ou de travaux manuels à la même heure dans toutes les classes et de faire passer les enfants, quel que soit leur âge, dans les classes ou groupes qui correspondaient à leur capacité pour ces matières. On les appelle « Fachklassen » (classes techniques). On a même introduit cette organisation de la même leçon à la même heure dans toutes les classes là où elle est inutile, c’est-à-dire là où les classes ne sont pas mobiles. Ces classes mobiles ne sont pas d’ailleurs introduites dans toutes les écoles. On laisse une certaine liberté aux directeurs et ceux qui sont déjà âgés ou ceux qui n’aiment pas les changements restent fidèles à leurs anciennes habitudes. Sans s’en douter on a ainsi fait une brèche dans les anciennes conceptions d’une classe fermée, immobile et à cloisons étanches.

La question se pose de savoir si ces deux matières, le calcul et les travaux manuels, sont en disparité avec le développement général ou bien si nos idées mêmes sur le développement général et uniforme demandent une révision. Nous reviendrons sur ce problème très important. À Berlin la difficulté a poussé les professeurs à réfléchir sur le programme de calcul et de travaux manuels et à élaborer un programme intéressant qui consiste à