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est l’objet de la leçon. À cet exemple le maître en ajoute, ou mieux, en fait ajouter par les élèves un, deux, trois, quatre autres similaires : on les compare, on voit à plein le fait ; on en tire ce qu’un physicien appellerait la loi et ce qui est pour nous une règle. Cette règle, nous l’énonçons aussi brièvement, mais aussi rigoureusement que possible. Les élèves doivent l’apprendre par cœur ; puis ils ont à l’appliquer dans des exercices oraux et des devoirs écrits. Y manquent-ils ? la correction consiste dans un rappel de la règle. On le voit, l’enseignement grammatical tel que nous le concevons ne s’abstrait pas de l’usage ; comment le pourrait-il ? La grammaire que nous faisons apprendre part de l’usage pour le définir et y revient pour le régir. C’est une théorie, mais qui se tire de la pratique et aboutit à la pratique pour l’étendre, lui donner plus d’assurance et de rectitude. Elle est l’application à un enseignement particulier d’une grande doctrine pédagogique, celle qui consiste à traiter l’enfant comme une intelligence, comme un être raisonnable, qui recèle en lui-même toutes les virtualités d’un développement dont l’activité logique est la condition et le moyen.

P.-H. Gay,
Directeur d’École normale.