par l’usage, soit ! Mais de quel usage s’agit-il ? Car enfin il y en a deux, le bon et le mauvais, celui du maître et des livres et celui de la maison, de la rue, de la cour de récréation. Laissons de côté les cas très nombreux où l’enfant parle patois avec ses parents, avec ses camarades, avec les habitants du village. Plaçons-nous dans l’hypothèse la plus favorable, celle où le français est la langue usuelle, la langue de tous les jours, dans les villes et dans quelques provinces de la région parisienne. On sait combien il s’en faut que le français du peuple y soit non pas même pur, mais seulement correct, combien il est mêlé d’archaïsmes (les plus supportables des fautes), adultéré par l’argot, dénaturé par les contractions phonétiques, troublé par des confusions de genres, vicié par la méconnaissance des accords essentiels et des relations de temps, de mode et de nombre. On nous dispensera d’en donner ici des exemples qui nous entraîneraient trop loin. Quelle est la tâche de l’école ? De substituer à ce langage incorrect et bâtard le bon français. Si elle se contente d’opposer son usage à elle, qui est le bon, au mauvais, on peut lui prédire un échec. Avant d’entrer à l’école, l’enfant a déjà pris l’habitude des fautes qu’on commet autour de lui, habitude h la fois de l’oreille et de la langue. Et cette habitude continue h se renforcer parce que, en devenant écolier, il ne cesse pas pour cela d’appartenir à son milieu et de subir son influence. Le maître, qu’il entend pendant six heures par jour et deux cents jours environ par an, peut-il prétendre, par son seul prestige, h triompher d’une telle accoutumance, d’une sorte d’imprégnation déjà ancienne et qui reste de tous les instants ? Les entretiens qu’il a avec ses élèves n’atteignent chez eux que la superficie de l’esprit, si nous osons dire, et leur action reste
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ENSEIGNEMENT GRAMMATICAL ET EMPIRIQUE DE LA LANGUE