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NÉCROLOGIE

puisse être, donnera peut-être une idée approximative de sa contribution aux recherches érudites et à la production critique de ce temps-ci.

Le libraire Degorce-Cadot s’avisa d’enrôler le jeune professeur de Janson de Sailly dans une équipe de travailleurs, chargés d’assurer le développement de la Librairie Générale de vulgarisation. C’est là que Pellisson, bien formé par Gaston Boissier, publia Rome sous Trajan : Religion, Administration, Lettres et Arts, et Les Romains au temps de Pline le Jeune. A côté de ces essais élégants sur une période d’histoire ancienne, il rééditait le Discours de la Servitude volontaire, par Étienne de la Boétie, et le faisait précéder d’une belle étude sur la vie et l’œuvre de cet écrivain, porté à la postérité par l’amitié de Michel de Montaigne. A cette date (1886), l’humaniste universitaire est peut-être plus incliné vers les lettres latines que vers la littérature française elle-même. Il publiait, chez Hachette (1887), une habile Histoire sommaire de la littérature Romaine à l’usage de l’Enseignement secondaire des jeunes filles, et il lisait volontiers Cicéron, sans doute un peu parce qu’il était tenu, par le règlement de l’ancien doctorat, d’écrire une thèse en latin. La connaissance précise de l’orateur antique se manifestera dans l’étude intitulée Cicéron (1894), que publia l’éditeur Lecène et Oudin dans la Collection des Classiques Populaires.

Mais les écrivains de notre langue ne tardent pas à le retenir tout entier. Il écrit pour la même collection un La Bruyère, qu’il faut relire, et il donne à la librairie Delagrave une suite d’éditions de pièces de Molière, Le Malade imaginaire, Les Femmes Savantes, Tartuffe, Le Misanthrope, Les Précieuses Ridicules, L’Avare. Dans ces travaux scolaires, il apporte une fine, une précise érudition, et des mérites de lettré qui, pour tout regard perspicace, le mettent à part.

Ne voulant laisser de côté aucun de ces ouvrages destinés aux classes, je citerai les volumes assez nombreux des Morceaux choisis du xvie au xixe siècle, publiés chez Delagrave : le nom de Pellisson s’y trouve associé au nom de Brunetière. Deux électricités de signe contraire se sont rapprochées pour cette collection. Chez le même libraire, Pellisson a seul édité, comme on le pense bien, les Œuvres choisies de Ferdinand Fabre, pré-