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NÉCROLOGIE 2x ! à travers la France pour porter la bonne parole et la bonne méthode. On sait ce qu’elle a fait et comment elle a renouvelé l’enseignement des écoles normales dans tout le pays. Émile Devinat revient à Caen avec le prestige d’un titre nouveau et la vision enthousiaste des vastes horizons vers lesquels va s’élancer sa jeune et débordante activité. Quel temps fructueux, où chaque matin l’on s’éveille avec une idée nouvelle que l’on est impatient de réaliser, où rien ne paraît impossible à la toute-puissance des vingt-cinq ans ! Ce primaire, qui n’a eu que si peu de temps des maitres de valeur, devient un maître lui-même par la vigueur de la pensée, l’étendue et la sûreté de l’information, l’ordre et la justesse qu’il porte dans l’esprit. Si près encore de ce qu’il s’est assimilé il excelle à le faire passer chez ses auditeurs. Il vit au milieu d’eux, à peine leur frère ainé, avec plus de jeunesse que beaucoup d’entre eux. Et quelle influence heureuse sa fraicheur d’âme sans morgue exerce sur d’autres âmes jeunes et simples ! Mais cette époque de réorganisation avait besoin d’hommes. Les jeunes professeurs d’école normale ne restaient pas long- temps dans leur chaire. Après les élèves instituteurs il fallait atteindre les instituteurs eux-mêmes. Emile Devinat, au bout de quelques années, est envoyé comme inspecteur primaire à Bagnères-de-Bigorre et à Bayonne. Quelle belle tâche pour un homme aussi actif ! Quelle flamme de renouveau il apporte et il répand tout autour de lui ! Comme Îles instituteurs le sentent digne de les conduire, simple, familier, près d’eux par le cœur mais les dominant de toute la supériorité de son esprit ! Aussi, avec quelle confiance ils vont à lui ! Comme ils subissent l’auto- rité de sa parole et la force de son raisonnement ! Ils se mettent à l’unisson et s’appliquent passionnément aux problèmes sco- laires. On échappe aux pièges tendus ; on résout les difficultés en y portant la lumière et la loyauté. En 1887, Devinat, qui a montré des qualités de chef et d’entrai- neur d’hommes, est rappellé à l’école normale, cette fois comme directeur. Sa préparation est presque complète : élève-maitre et professeur, il a été dans la place ; instituteur et inspecteur, il a Pu voir du dehors ce que donne l’école normale et par consé- quent ce qui lui manque ; il a des idées à appliquer, et il les applique avec une belle résolution, avec une audace confiante, REVUES PÉDAGOGIQUE. 1912. — 1° sem. 20