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REVUE PÉDAGOGIQUE

des monuments historiques en poursuit avec plus d’ardeur que jamais l’inventaire et le classement, vous devez prendre à cœur de devenir les collaborateurs de cette grande mesure préservatrice, non seulement en veillant à la garde des monuments, mais surtout en faisant pénétrer dans les mœurs populaires le respect archéologique qui sauvegarde et protège mieux que toutes les mesures administratives. Vous ferez œuvre saine et patriotique en instruisant les populations de nos bourgs et de nos villes mêmes, des souvenirs qui s’attachent à ces cathédrales, à ces humbles églises ou chapelles, à ces restes de remparts, à ces objets de musée, même à ces arbres trois ou quatre fois séculaires : vous éveillerez ainsi dans leurs âmes le sentiment de la réelle beauté, et vous relèverez la notion de la tradition ancestrale, fondement de toute société civilisée, mais nécessaire surtout dans une démocratie comme la nôtre, pour que l’entretien de tous ces vestiges des siècles ne paraisse pas, bientôt, prenez-y garde, un luxueux embarras, une charge publique trop onéreuse.

Dans la pratique, cette action que je réclame des sociétés savantes peut s’exercer de bien des manières. Je me permets de vous en indiquer quelques-unes en m’appuyant simplement sur les intéressantes tentatives qui ont été faites en différents endroits et que je voudrais voir se généraliser et persister avec régularité et méthode.

Les sociétés savantes peuvent intervenir dans cette réaction contre l’ignorance qui, avouons-le, est presque universelle : par des publications populaires illustrées ; par des conférences avec projections, organisées dans les villes, bourgs et villages ; par des promenades archéologiques et des visites de musées, de ruines, de sites et de monuments remarquables. Et dans cette triple direction imprimée à leur rayonnement au dehors, vos sociétés n’ont qu’à utiliser, en les adaptant à la vulgarisation, tous ces travaux d’érudition et de recherches scientifiques dont je parlais tout à l’heure, qui ont alimenté leur vie intérieure depuis un siècle. Elles ont surtout à leur disposition, pour agir efficacement, un merveilleux interprète qui ne fonctionnait guère encore, il y a cinquante ans, mais qui est devenu depuis, grâce à ses perfectionnements successifs, un auxiliaire indispensable des études d’art et d’archéologie : c’est la photographie.