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LA RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT DU DESSIN

compte des raisons qui ont décidé la commission à se prononcer contre la méthode Guillaume. La critique de la commission est tout d’abord dirigée contre les principes mêmes sur lesquels cette méthode est fondée : enfermer l’enfant pendant de longues années dans l’étude des lignes et des angles, des courbes et des solides géométriques, avant de lui permettre d’aborder le dessin des formes vivantes qui, même alors, ne doivent être étudiées que d’après des estampes et des plâtres, la commission estime que, sans la chercher plus loin, on peut trouver là la cause de la stagnation de l’étude du dessin. De plus, les Instructions naguère rédigées ou, tout au moins, inspirées par Eugène Guillaume, tendaient à l’élimination presque absolue du sentiment et ne demandaient rien tant à l’élève que d’arriver à rendre l’objet sous des formes mathématiquement exactes : véritable hérésie éducative, car « au début l’étude du dessin s’adresse à des enfants très jeunes, pour qui les questions de mesures, de distances, de proportions sont encore très difficiles à comprendre, tandis que les qualités visibles de formes et de couleurs leur sont naturellement accessibles ». Le sentiment étant ainsi éliminé, le dessin ne pouvait plus être qu’impersonnel ; et c’était bien à cela qu’on visait ; on le concevait comme une figuration graphique « dont tous les éléments sont déterminés d’avance, comme un problème d’observation dont la solution est identique pour tous et dont les résultats sont contrôlés au moyen d’opérations d’une rigueur absolue ». Or, au gré de la commission, une telle conception du dessin est nuisible au développement éducatif de l’enfant. Car, « si l’éducation collective offre un danger, c’est assurément de jeter dans le même moule tous les esprits », et les bons maîtres sont précisément ceux qui s’efforcent de conjurer ce péril et qui y réussissent.

Après ces trois chefs d’accusation, qui touchent au fond même de la méthode Guillaume, le rapport critique sa pédagogie ou plutôt la partie de sa pédagogie relative au matériel d’enseignement, plus spécialement aux modèles. À l’heure actuelle, les classes de dessin sont souvent encombrées de solides en fil de fer ; sans prétendre qu’il faille s’en défaire, la commission considère qu’il sera bon d’en réduire le nombre. De même la liste des plâtres, qui aujourd’hui ne comprend pas moins