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LE MAÎTRE D’ÉCOLE SOUS L’ANCIEN RÉGIME

tion était une source de petits profits. Nous citerons, après l’abbé Mathieu, le tarif des « droits des maîtres d’école » dans le diocèse de Toul au xviiie siècle :

« Pour les batêmes, ce que les parains et maraines leur voudront donner. — Pour le saint viatique, rien. — Pour l’extrême-onction, rien. — Pour les fiançailles et le mariage, un franc. — Pour chaque femme qui relève après ses couches, deux petits sols. — Pour chanter une messe, six gros. — Pour les matines extraordinaires, neuf gros. — Pour les vêpres extraordinaires de la veille et du jour, six gros pour chaque vêpre. — Pour les enterrements des adultes, un franc. — Pour les enterrements des petits enfans, six gros. — Pour chanter un service solennel des morts, avec vigiles à neuf leçons, les obsèques et libera à la fin desdites messes, vingt sols. — Pour un service d’un nocturne, avec les laudes, une haute messe, les obsèques et libera, dix-huit gros. »

Un tarif analogue était appliqué en Seine-et-Marne. En cette région cependant, le maître pouvait être aussi le fossoyeur paroissial, il portait ou faisait porter le corps des petits enfants. En qualité de « clerc des convois », il devait distribuer les cierges au clergé, écrire les actes, recevoir les honoraires, en donner quittance et les distribuer à qui de droit. Enfin, dans les grandes solennités, le maître d’école pouvait être appelé à soutenir le chœur par le son d’un serpent ou d’un autre instrument tout aussi mélodieux. Un écrit imprimé à Troyes en 1759[1] montre un personnage « se cassant les jambes en courant comme un fou à travers les bancs de l’église pour en chasser des pierrots qui, par leurs cris aigres et importuns, empêchoient d’entendre les sons harmonieux du cornet à bouquin dans lequel souffloit le maître d’école à toute éreinte ».

Les sonneries carillonnées aux baptêmes et mariages étaient une autre source de profits, sans parler du couvert qui attendait le magister au banquet familial. Il devait encore, de nuit comme de jour, « annoncer les orages, grêles et tempêtes ». Dans quelques villages, il est stipulé que ce sera « au plus tard au second coup de tonnerre, » et la sonnerie devait cesser dès que « l’orage

  1. Oraison funèbre et testament de Jean-Gilles Bricotteau, de Soissons, par le R. P. Hesmogène, de Carpentras,… gr. in-12 de 36 p.